L'industrie automobile mondiale doit espérer que sa carapace soit solide et qu'elle tienne longtemps. Car les ventes globales de voitures diminueront de plus de 10% dans la première moitié de l'année, affirme une étude publiée hier par la Banque Scotia. Et, selon un sondage réalisé auprès de dirigeants de l'industrie, le nombre de faillites explosera dans les prochaines années.

L'industrie automobile mondiale doit espérer que sa carapace soit solide et qu'elle tienne longtemps. Car les ventes globales de voitures diminueront de plus de 10% dans la première moitié de l'année, affirme une étude publiée hier par la Banque Scotia. Et, selon un sondage réalisé auprès de dirigeants de l'industrie, le nombre de faillites explosera dans les prochaines années.

La Banque Scotia prévoit un début 2009 affreux à peu près partout sur la planète. L'auteur de l'étude, Carlos Gomes, prévoit une stabilisation des ventes au second semestre, mais cela ne pourra pas empêcher une amputation de 8% au total des ventes globales annuelles. Un score pire que 2008 (-5%) et un cauchemar pour les constructeurs.

Au Canada, même si les ventes ont tenu bon jusqu'en octobre, la chute est brutale depuis, et tout indique qu'elle se poursuivra.

Les ventes ont reculé de 21% en décembre (par rapport au dernier mois de 2007), et reculeront de 10% en 2009, prévoit la Scotia. Si tel est le cas, un peu moins de 1,5 million de véhicules seront vendus au pays, un niveau équivalant à celui de 1998. C'est en Ontario que la pire chute est à prévoir, mais aucune région du pays ne s'en sauvera.

Neuf mois d'attente

Avant que l'action des gouvernements et des banques centrales ne convainque les consommateurs occidentaux de retourner chez le concessionnaire, il faudra donc un peu de patience. «L'histoire nous rappelle que la croissance des ventes de véhicules reprend habituellement, au plus tôt, environ neuf mois suivant une chute marquée des taux d'intérêt à court terme», note M. Gomes.

De fait, près de la moitié (48%) des Américains susceptibles d'acheter une nouvelle voiture ont retardé leur projet, selon un récent sondage du magazine Consumer Reports.

L'incertitude du marché de l'emploi et l'effritement du budget de plusieurs ménages ont fait leur oeuvre.

Quant aux mesures des constructeurs pour faciliter le crédit automobile et stimuler la demande, elles ne pourront contrebalancer la détérioration du marché de l'emploi, observe Carlos Gomes.

C'est ainsi qu'après s'être procuré 13,2 millions de véhicules neufs en 2009, les Américains ne devraient plus en acheter que 12 millions cette année.

C'est moins qu'en Europe de l'Ouest, où M. Gomes prévoit un total de 12,4 millions de véhicules vendus en 2009, une baisse de près de 8%.

Selon le spécialiste de la Scotia, seul le marché automobile chinois est appelé à croître dans la prochaine année (+5,1%). À l'opposé, l'Inde, un marché pourtant fort prometteur à long terme, devrait subir un déclin des ventes de 5%.

Beaucoup plus de faillites

Ce n'est donc pas une surprise si le pessimisme gagne les dirigeants du secteur. Selon le dernier sondage de KPMG sur l'industrie automobile, la moitié des dirigeants s'attendent à ce que les baisses de revenu soient au menu pour les cinq prochaines années. Des 200 dirigeants sondés, 77% s'attendent à une augmentation spectaculaire des faillites.

Mais tout le monde, ou presque, s'entend sur les produits à offrir pour s'en sortir. Quelque 96% des répondants indiquent qu'une plus faible consommation de carburant sera le critère d'achat par excellence pour les clients au cours des cinq prochaines années.

«Il s'agit d'une tendance que nous avons déjà constatée chez les consommateurs en 2008, souligne David Aspinall, associé délégué en conseils transactionnels chez KPMG Canada. Manifestement, l'industrie s'adaptera pour satisfaire les attentes.»

Toyota veut abaisser les salaires

En attendant, les constructeurs se débattent comme ils le peuvent pour sortir du marasme actuel.

Le numéro un mondial, Toyota, qui devrait enregistrer le premier exercice négatif de son histoire au 31 mars prochain, demande d'ailleurs à ses employés japonais de revoir leurs salaires à la baisse. La taille de la diminution demandée n'a pas été déterminée, a fait savoir une porte-parole de l'entreprise.

Rappelons que Toyota, qui bénéficie pourtant de la meilleure image auprès des consommateurs américains (devant Honda, Ford, Cadillac et Mercedes), a vu ses ventes fondre de 37% aux États-Unis en décembre.

Avec Associated Press et Agence France-Presse