Quitter un emploi stable, et donc une certaine sécurité, pour se consacrer uniquement à la culture de champignons: la lubie d'un quelconque citadin désireux d'effectuer un retour à la terre? Non, plutôt le projet de vie de Lise Amélie Roy et Denis Compagna, du Canton de Magog près de Sherbrooke.

Quitter un emploi stable, et donc une certaine sécurité, pour se consacrer uniquement à la culture de champignons: la lubie d'un quelconque citadin désireux d'effectuer un retour à la terre? Non, plutôt le projet de vie de Lise Amélie Roy et Denis Compagna, du Canton de Magog près de Sherbrooke.

Ces deux jeunes trentenaires sont persuadés que le goût des Québécois pour les champignons va finir par se développer, au même titre que le vin et le fromage.

C'est en partie ce qui les a poussés à fonder Aux Champs-Mignons, une PME spécialisée dans la production de pleurotes, un champignon dit «de spécialité» qui se vend près de 25$ le kilogramme.

Les deux jeunes entrepreneurs savent qu'ils misent gros. Les champignonnières ne sont pas légion au Québec.

Selon des chiffres du ministère de l'Agriculture du Québec (MAPAQ), les producteurs de champignons sont de moins en moins nombreux dans la Belle Province depuis le milieu des années 90.

Entre 1997 et 2004, ils sont passés de 12 à sept. Et la majorité des champignons qu'on retrouve actuellement dans les marchés d'alimentations du Québec proviennent de l'Ontario.

Au lieu de construire un bâtiment flambant neuf, ils ont plutôt choisi d'aménager leur salle de production dans une grange centenaire construite par le grand-père de Denis Compagna. Ils y ont installé un système de géothermie, un mur solaire passif, de même qu'un système de récupération de chaleur et d'humidité.

Déjà le succès

Malgré tout, Lise Amélie Roy et Denis Compagna connaissent déjà du succès avec leurs quatre variétés de pleurotes. Près de 70 restaurateurs entre Sherbrooke et la Rive-Sud de Montréal achètent sur une base régulière les champignons de la PME des Cantons-de-l'Est.

À cela s'ajoute une quinzaine d'autres points de vente: fruiteries, épiceries fines, etc. Les produits d'Aux Champs-Mignons sont certifiés biologiques.

La capacité de production de l'entreprise est actuellement de trois tonnes par année. Si la croissance est au rendez-vous, l'entreprise peut facilement quadrupler sa production.

La PME est l'une des rares champignonnières intégrées au Québec, c'est-à-dire qu'elle voit à toutes les étapes de culture de ses champignons. De la production du mycélium (semence) jusqu'à la récolte du légume.

Après deux ans d'existence, Aux Champs-Mignons enregistrent des ventes en deçà de 100 000$. Mais d'ici la fin 2008, Lise Amélie Roy croit pouvoir franchir le cap des 150 000$. La PME misera sur les marchés d'alimentation, les restaurants, les marchés de solidarité, les fermes offrant des paniers bio, etc.

«La consommation de fruits et légumes a explosé au Québec ces dernières années. Les gens vont donc commencer à diversifier leur consommation. C'est comme ça qu'ils vont découvrir les champignons de spécialité. Il n'y aura pas de boom. Ça va plutôt y aller de façon graduelle et c'est tant mieux comme ça», croit Denis Compagna, un technicien en automatisation autrefois à l'emploi de Bombardier.

«Il y a un chapitre complet sur les champignons dans le livre que le Dr (Richard) Béliveau a écrit sur les aliments contre le cancer. Ça aussi, ça va aider à faire connaître les champignons», croit Lise Amélie Roy, une technicienne chimiste qui a travaillé comme chargée de projet dans le secteur industriel.

Tartinade de champignons

Outre ses quatre variétés de pleurotes frais, Aux Champs-Mignons commercialise des champignons séchés et de la chapelure de champignons.

Elle s'apprête à mettre en marché une tartinade de champignons, un produit inédit, affirme Mme Roy, qui fait penser à de la tapenade. L'idée de produire des champignons s'est imposée d'elle-même.

En achetant la ferme familiale au milieu des années 90, Denis Compagna savait qu'il s'investirait dans une activité agricole. Mais laquelle? Le hasard a bien fait les choses.

M. Compagna a fait la rencontre de Richard O'Breham, un entrepreneur passionné de petits fruits et de champignons.

Parents de deux jeunes enfants, les deux entrepreneurs ne veulent pour rien au monde retourner sur le marché du travail.

Brasser des affaires les motive au plus haut point. Ne reste plus qu'à espérer que les papilles des Québécois seront enfin au rendez-vous.