Les municipalités et les communautés autochtones, qui ont attendu longtemps leur tour de profiter de la manne éolienne, pourraient ne rien avoir du tout en raison des conditions imposées par le gouvernement à l'appel d'offres qui leur est réservé.

Les municipalités et les communautés autochtones, qui ont attendu longtemps leur tour de profiter de la manne éolienne, pourraient ne rien avoir du tout en raison des conditions imposées par le gouvernement à l'appel d'offres qui leur est réservé.

En même temps, à Rivière-du-Loup, ce qui était annoncé comme le plus important projet éolien au Canada pourrait être abandonné par son promoteur Skypower, faute de rentablité.

Laissés pour compte dans les deux premiers appels d'offres éoliens d'Hydro-Québec, les municipalités et les autochtones ont obtenu un prix de consolation, un appel d'offres de 500 mégawatts qui leur est réservé. Mais le prix plafond qui l'accompagne est trop bas pour réaliser des projets rentables.

Dans l'industrie, on est unanimes. Le prix plafond de 9,5 cents le kilowattheure imposé à des projets ne pouvant pas dépasser 25 mégawatts chacun ne permet pas la réalisation de projets rentables.

«Ce n'est pas assez», dit Gilles Lefrançois, le président d'Innergex, l'entreprise qui a obtenu la part du lion du premier appel d'offres d'Hydro-Québec pour 1000 mégawatts d'énergie éolienne en Gaspésie.

Selon lui, les petits projets coûtent plus cher à réaliser en raison des frais fixes. «Les études environnementales et le financement, ça revient plus cher pour un petit projet qu'un gros», illustre-t-il.

En outre, les municipalités et les groupes autochtones arrivent tard dans le marché du vent, alors que les meilleurs sites ont trouvé preneur. "On a épuré les meilleurs gisements", déplore Bernard Généreux, le président de la Fédération québécoise des municipalités.

Les gisements éoliens qui restent sont aussi plus éloignés des lignes de transmission, ce qui augmente le coût des futurs projets. «Ça risque de nous forcer à développer des projets à la limite de la rentabilité et s'il y a des échecs, ça nuira considérablement à notre capacité de développer d'autre chose», s'inquiète Bernard Généreux.

Le prix plafond fixé par le ministère de l'Énergie et des Ressources, soit 9,5 cents le kilowattheure, est plus élevé que les prix moyens obtenus à la suite des deux premiers appels d'offres éoliens d'Hydro-Québec (6,5 cents et 8,7 cents, sans le transport et l'équilibrage).

Il est quand même beaucoup trop bas, selon l'Association canadienne de l'énergie éolienne, mieux connue sous son acronyme anglais CanWEA. L'association des producteurs d'énergie éolienne est d'avis qu'il ne devrait pas y avoir de prix plafond.

S'il doit y avoir un prix maximum, ce prix devrait être entre 11,5 et 13,5 cents le kilowattheure, a-t-elle fait valoir au ministère de l'Énergie et des Ressources, en se basant sur une étude commandée à la firme de consultants Hélimax.

Selon les experts d'Hélimax, le prix maximum de 9,5 cents le kilowattheure génère un rendement de seulement 2% pour les projets communautaires. Par comparaison, les projets privés déjà acceptés par Hydro-Québec sont beaucoup plus rentables, avec des taux de rendement variant entre 10 et 15%.

Au ministère de l'Énergie et des Ressources, on affirme que c'est à la demande des municipalités et des groupes autochtones qu'un prix plafond a été fixé. L'idée était que personne ne voulait que les projets se nuisent entre eux, explique Pascal d'Astous, porte-parole du ministre Claude Béchard.

Étant donné les commentaires négatifs reçus depuis qu'il est connu, ce prix maximum pourrait être augmenté, a-t-il laissé entendre.

Le gouvernement et Hydro-Québec mettent au point les derniers détails de l'appel d'offres réservé aux municipalités et aux groupes autochtones, qui doit être lancé officiellement à l'automne.

Le député de Jonquière et porte-parole du Parti québécois en matière d'énergie, Sylvain Gaudrault, est d'avis que le prix plafond n'est pas la seule chose qui cloche dans les conditions imposées par le gouvernement. Le pourcentage de contenu québécois des projets, fixé à 60%, est nettement insuffisant pour assurer le développement d'une industrie québécoise de l'énergie éolienne, selon lui.

Il faudrait «exiger que plus de composantes de la nacelle soient fabriquées au Québec, comme le rotor, la transmission et la génératrice, soit les composantes à haute teneur technologique», a-t-il réclamé.