Il y a encore des zones de turbulences, mais règle générale, des vents favorables soufflent sur l'industrie aéronautique.

Il y a encore des zones de turbulences, mais règle générale, des vents favorables soufflent sur l'industrie aéronautique.

La situation actuelle n'a rien à voir avec la véritable tempête qui a frappé l'industrie au lendemain des attentats terroriste du 11 septembre 2001.

Les voyageurs ont repris la voie des airs, notamment en raison de la globalisation de l'économie et de la croissance économique presque généralisée dans les pays développés. Et dans les pays en voie de développement, on commence à voir émerger une classe moyenne qui veut se déplacer elle aussi.

L'Association internationale du transport aérien (AITA) prévoit une augmentation du nombre de passagers de cinq à six pour cent en 2007 ainsi qu'en 2008.

"Comme les coefficients d'occupation sont élevés, cette augmentation du nombre de passagers se traduit par une croissance de la demande pour des avions", observe Valérie Poulin, du Conference Board du Canada.

Effectivement, les carnets de commandes des grands avionneurs débordent. Depuis le début de 2007, Airbus et Boeing ont déjà obtenu plus de commandes que pendant toute l'année 2005, qui était déjà une année record.

Cameron Doerksen, un analyste à la firme Versant Partners, estime que certaines entreprises canadiennes profiteront tout particulièrement de la situation, comme Héroux-Devtek et Magellan Aerospace, qui sont des fournisseurs d'Airbus et de Boeing.

"Comme les nouvelles commandes sont un bon indicateur des besoins futurs en simulateurs de vol et en services de formation, CAE devrait aussi bénéficier de ce marché robuste", affirme-t-il.

Selon une compilation établie par Bloomberg, six des sept analystes qui suivent Héroux-Devtek recommandent l'achat de ce titre. Dans le cas de CAE, ce sont 14 analystes sur 17 qui en recommandent l'achat. Les opinions sur Magellan sont plus partagées: trois analystes recommandent l'achat du titre, cinq suggèrent de le conserver et un recommande la vente.

Il y a encore bien peu d'analystes qui suivent Mecachrome, un fabricant de composants aéronautique qui a fait son entrée en Bourse en octobre dernier. L'atterrissage avait été difficile, le titre perdant 5% de sa valeur en quelques heures. Les deux analystes qui suivent le titre en recommandent toutefois l'achat.

Comme celui d'Airbus et de Boeing, le carnet de commandes de Bombardier s'est regarni. Pendant les neuf premiers mois de son exercice financier, l'avionneur montréalais a reçu des commandes pour 187 avions régionaux, soit pratiquement trois fois plus que pendant la même période de l'exercice précédent.

L'aviation d'affaires se porte également très bien. La General Aviation Manufacturers Association (GAMA) a fait savoir que les livraisons de biréacteurs d'affaires avaient augmenté de 21% au cours des neuf premiers mois de 2007. Selon un sondage effectué par la firme UBS, les difficultés que connaît le marché du crédit aux États-Unis n'ont eu aucun impact significatif sur l'aviation d'affaires.

"Bombardier est bien placée pour capitaliser sur cet essor", croit M. Doerksen, de Versant Partners.

David Strauss, d'UBS, estime toutefois que les investisseurs qui veulent bénéficier de l'essor de l'aviation d'affaires devraient plutôt regarder du côté des entreprises américaines Textron et General Dynamic. Il s'agit des sociétés mères de Cessna et Gulfstream, les grands concurrents de Bombardier du côté des avions d'affaires.

Les analystes sont d'ailleurs partagés au sujet de Bombardier. Selon Bloomberg, huit recommandent l'achat du titre alors que six suggèrent de le conserver. Deux autres penchent plutôt pour la vente du titre. L'avionneur montréalais peut se consoler en regardant du côté d'EADS, la société mère d'Airbus, qui a subit les contrecoups des énormes délais qui ont caractérisé le programme de l'A380, des ratées de l'A350 et d'enquêtes sur des délits d'initiés. Si 12 des analystes qui suivent EADS recommandent l'achat du titre, 12 autres en recommandent la vente. Neuf autres analystes se situent au milieu, et suggèrent de conserver le titre si on l'a déjà dans son portefeuille.

Luc R. Fournier, gestionnaire de fonds à L'Industrielle Alliance, se montre plutôt tiède face à l'ensemble de l'industrie de l'aéronautique et du transport aérien.

"Ce n'est pas un secteur que je préconise beaucoup, surtout à long terme, déclare-t-il. Ce ne sont pas des compagnies stables qui génèrent des revenus stables année après année. C'est cyclique."

Il précise qu'il apprécie les titres de l'industrie aéronautique à la sortie de récessions ou de périodes difficiles, lorsqu'il y a encore des turbulences.

"Il faut les acheter quand ça va mal, lance-t-il. Habituellement, quand ça va bien, c'est le temps de sortir."

Son collègue Pierre Bernard, anciennement de BLC Edmond de Rothschild, mais maintenant à L'Industrielle Alliance, est beaucoup plus optimiste au sujet de l'industrie aéronautique. Et ce, surtout en raison de la demande pour tous les types d'appareils.

"La faillite de l'industrie des transporteurs aériens aux États-Unis a remis à plus tard les programmes d'investissement dans les flottes, explique-t-il. Cette fois-ci, nous sommes en rattrapage."

Il insiste également sur l'importance des nouveaux marchés.

"On a réalisé avec le temps que les États-Unis n'étaient pas seuls sur la planète Terre."

Les besoins en moteurs plus propres et plus performants dynamisent également le marché.

"Mes portefeuilles de croissance sont sur-pondérés en aérospatiale, notamment avec Bombardier et CAE", déclare le gestionnaire de fonds.