La pression s'accentue sur les sociétés financières du « comité Crawford » de restructuration du papier commercial en faveur d'une proposition spéciale pour des centaines de petits investisseurs coincés dans cette crise.

La pression s'accentue sur les sociétés financières du « comité Crawford » de restructuration du papier commercial en faveur d'une proposition spéciale pour des centaines de petits investisseurs coincés dans cette crise.

Et du coup, s'assurer leur soutien majoritaire et essentiel au plan de restructuration des 32 milliards de dollars en papier commercial non bancaire au moment du vote prévu le 25 avril, au cours d'une assemblée à Toronto et par procuration ailleurs au Canada.

D'ailleurs, même cette date du 25 avril est compromise pour le comité Crawford qui a terminé, hier à Vancouver, sa tournée d'assemblées publiques plutôt houleuses, commencée lundi à Montréal.

Un tel report du vote permettra aux membres du Comité de concocter une proposition aux petits investisseurs, peut être le rachat de leurs quelque 300 millions en PCAA (papier commercial adossé à des actifs), qu'ils ont réclamé avec vigueur lors des assemblées.

« Ça se peut qu'on décide de retarder le vote du 25 avril. C'est une possibilité », a indiqué David Weiner, principal porte-parole du Comité, en entrevue de Vancouver.

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« Purdy Crawford (l'avocat d'affaires torontois qui dirige le comité) a très bien entendu les revendications des petits investisseurs en PCAA lors des assemblées.

« Quant à une solution spéciale, elle devrait venir des institutions financières les plus impliquées dans le PCAA non bancaire, plutôt que du Comité comme tel. Mais M. Crawford entend faire pression sur elles en ce sens. »

Mais parmi les principaux membres du comité Crawford, la discrétion persistait encore hier quant à la possibilité d'une proposition spéciale aux petits investisseurs.

Au cours des assemblées des derniers jours, la revendication la plus courante fut celle d'un rachat complet du PCAA non bancaire détenu par quelque 1500 petits investisseurs.

Pareil rachat impliquerait un peu plus de 300 millions, provenant d'un fonds spécial qui serait constitué par les principaux membres du comité Crawford.

Parmi eux, on retrouve trois entités montréalaises : la Caisse de dépôt et placement, la Banque Nationale et Investissements PSP – qui pèsent pour près de la moitié des 32 milliards figés depuis sept mois.

Mais pour le moment, discrétion absolue aux sièges sociaux.

« Nous ne spéculons pas sur des engagements additionnels de la Banque Nationale, a indiqué son porte-parole, Denis Dubé.

«Mais il faut rappeler que depuis le mois d'août, nous avons racheté le PCAA non bancaire de 250 000 clients et appuyé nos clients corporatifs avec du crédit spécial.

«Nous fournissons aussi 815 millions en liquidités pour le plan de restructuration. »

Les élus s'en mêlent

Entre-temps, c'est du côté des élus fédéraux que s'amplifie la pression sur le comité Crawford en faveur des petits investisseurs.

Après quelques jours d'observation, le Comité des finances des Communes a décidé, en fin de journée hier, de convoquer une séance spéciale pour les petits investisseurs en PCAA non bancaire.

Elle aura lieu d'ici deux semaines.

Elle découle d'une proposition du critique libéral en finances, John McCallum, député torontois qui fut ministre fédéral du Revenu et économiste en chef de la Banque Royale.

« Le plan du comité Crawford a été convenu entre des grandes sociétés financières.

«Nous voulons nous assurer que les petits investisseurs ne se font pas flouer », a commenté le vice-président du Comité des finances, Paul Crête, député bloquiste de Montmagny-Rivière-du-Loup.

« Mais parce qu'ils ont besoin de l'appui majoritaire de tous les investisseurs, en particulier les centaines de petits, les membres du comité Crawford seront sans doute forcés de leur faire une proposition spéciale. »

En effet, quelque 1500 petits investisseurs détiennent seulement 1 % du montant total de 32 milliards en PCAA non bancaire. Mais leur grand nombre pèse 90 % des voix parmi lesquelles une majorité sera requise pour la réalisation du plan de restructuration du comité Crawford.

Par ailleurs, le Comité des Finances aux Communes a aussi convoqué Purdy Crawford.

Mais sa comparution n'aura pas lieu avant le vote des investisseurs, encore prévu pour le 25 avril.

Car en plus d'un compte rendu de la restructuration, les membres du Comité des finances veulent discuter des lacunes de réglementation financière qui auraient été constatées lors de cette crise d'une ampleur sans précédent au Canada.