En annonçant les causes qui ont placé TQS en si mauvaise posture financière, la direction du Mouton noir a rapidement mentionné le passage obligé à la télé HD.

En annonçant les causes qui ont placé TQS en si mauvaise posture financière, la direction du Mouton noir a rapidement mentionné le passage obligé à la télé HD.

Ça se comprend: l'investissement exigé est important.

Mais il existe un autre passage technologique à venir qui pourrait, lui, sauver TQS. Seulement, ce ne sera pas avant 2011

Il s'agit de la transition vers la télé numérique sur ondes hertziennes.

Pour les télédiffuseurs grand public nord-américains, c'est un changement qui les mènera à remplacer le signal analogique, qu'on capte présentement grâce à nos fameuses «oreilles de lapin», par un signal numérique plus riche en contenu.

Aux États-Unis, ce passage devra être finalisé en 2009, soit dans moins d'un an. Des groupes industriels se sont rapidement formés autour de certaines technologies, afin de les imposer comme normes pour cette transition.

Au Canada, le CRTC laisse entendre que la même chose est prévue pour 2011.

Du contenu personnalisé

Peu importe la norme finalement adoptée, la stratégie est identique: transformer un diffuseur «généraliste», comme l'est présentement TQS, ou même TVA, Télé-Québec et la SRC, en diffuseur «personnalisé».

«Avec seulement quelques modifications à son équipement, une station de télé régionale va être transformée en un énorme distributeur de contenu», explique John Godfrey, vice-président de la société Samsung.

«En plus de la télé en direct, on pourra diffuser, en simultané, du contenu à la carte (et, donc, payant), de l'information personnalisée sous forme de flux RSS, et du contenu interactif.»

Autrement dit, un diffuseur généraliste comme TQS, qui vit surtout de revenus publicitaires, pourra soudainement vendre à ses téléspectateurs du contenu additionnel sur demande, ou les inviter à utiliser du contenu interactif (météo, jeux, etc.) tout aussi payant. TQS pourrait aussi trouver de nouvelles formules publicitaires inédites, si on en croit les promoteurs de la télé numérique.

Car les profits n'iront pas seulement qu'aux fabricants d'appareils électroniques, assure Frank Lee, vice-président de LG Electronics Canada.

«La télé numérique va créer de nouvelles façons de vendre de la publicité et du contenu enrichi», dit-il.

«Je ne suis pas tellement familier avec le contexte dans lequel se trouve TQS, mais je sais que la télé numérique va être très abordable, compte tenu des nouveaux revenus qu'elle promet de créer.»

La télé veut sauver sa peau

Pour des géants comme Samsung et LG, l'enjeu est évidemment de rendre la télé compatible avec leur gamme respective de produits électroniques: téléviseurs, ordinateurs, sans-fil, ordinateurs de poche, etc.

La télé numérique, un contenu comme un autre à leurs yeux, est un moyen d'arriver à cette fin.

Les deux entreprises font chacune la promotion de leur propre norme auprès de l'ATSC, l'Advanced Television System Committee.

Il s'agit d'une organisation internationale reconnue, dont le mandat est de faciliter le passage vers la télé numérique. Samsung en pince pour une technologie appelée A-VSB (Advanced-Vestigal Sideband). LG a nommé la sienne MPH (Mobile Pedestrian Handheld).

Tant LG que Samsung font partie de l'ATSC, tout comme près de 200 autres acteurs du milieu des médias, y compris des distributeurs, des producteurs de télé et de cinéma et des télédiffuseurs.

Ces derniers sont d'ailleurs très au fait que leur média est en train de perdre la guerre contre l'internet. Bien naturellement, ils n'entendent pas en rester là.

La télé numérique, à leurs yeux, est une façon de rendre la télévision plus accessible, à un plus large bassin de téléspectateurs mobiles et branchés.

Déjà, la télé numérique est promise à un bel avenir, puisque les revenus tirés de cette industrie devraient presque doubler dès l'an prochain, passant de 2,4 milliards de dollars, actuellement, à un peu plus de 4,2 milliards en 2010.

Au Canada, on peut s'attendre à ce que ça prenne un peu plus de temps à décoller mais, au moins, l'avenir de la télé ne semble pas aussi sombre que ça, finalement.