Les dirigeants de l'Opep, conviés mardi à une rencontre annuelle avec l'UE, ont rejeté à nouveau la demande des pays consommateurs d'une hausse de la production, tout en estimant que les prix du pétrole n'allaient «pas baisser».

Les dirigeants de l'Opep, conviés mardi à une rencontre annuelle avec l'UE, ont rejeté à nouveau la demande des pays consommateurs d'une hausse de la production, tout en estimant que les prix du pétrole n'allaient «pas baisser».

«L'Opep a déjà fait ce qu'elle peut faire et les prix ne vont pas baisser», a dit le président de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ministre algérien de l'Energie Chakib Khelil.

Il a néanmoins souligné que les prix du pétrole dans les mois à venir «dépendraient de l'évolution du dollar», au cours d'un point de presse après la fin de la réunion.

«Je pense que le marché attend probablement de voir comment le dollar va évoluer en juillet, comment la situation géopolitique va évoluer, avec les menaces faites sur l'Iran», a-t-il dit.

«Nous ne voulons pas accroître la production», a pour sa part confirmé le secrétaire général de l'organisation, le Libyen Abdallah el-Badri. «Il n'y a pas de pénurie», a-t-il jugé.

Dimanche, lors d'une réunion internationale à Djeddah (Arabie Saoudite), les principaux pays producteurs et consommateurs de pétrole ont recommandé des mesures techniques pour tenter de stabiliser le marché pétrolier, mais ils n'ont annoncé aucune nouvelle hausse de la production.

L'Opep s'est prononcée contre toute hausse de la production dans l'immédiat, se démarquant de son chef de file, l'Arabie saoudite, qui a annoncé une hausse de 200.000 barils de sa production quotidienne.

Mardi, à Bruxelles, les pays producteurs ont persisté à juger que l'offre était suffisante, malgré des prix du brut qui ont doublé en un an, et dépassaient les 137 dollars mardi.

«Il y a plein de pétrole sur le marché», a insisté M. el-Badri, pointant du doigt «d'autres facteurs» explicatifs, comme la spéculation.

Pour Chakib Khelil, l'origine des prix élevés du pétrole est à chercher tout d'abord dans «la crise des crédits hypothécaires à risque aux États-Unis».

«C'est là que tout a commencé», a-t-il jugé, mettant en cause également «la baisse du dollar» et «l'afflux de fonds qui cherchaient de bons retours sur investissements», ainsi que «la dégradation de la situation géopolitique» dans certaines régions.

Les Européens, eux, ont continué à considérer que le principal problème résidait dans l'insuffisance de l'offre, comme il l'avaient fait à Djeddah.

Le commissaire européen à l'Energie Andris Piebalgs a réitéré sa demande d'un accroissement de la production pétrolière.

«Il n'y a pas de raison de conserver des plafonds de production», a-t-il commenté, en jugeant que la spéculation sur les marchés ne jouait pas «un rôle majeur» dans la hausse des prix.

La situation des prix du pétrole est «globalement extrêmement préoccupante pour tout le monde», pour les producteurs comme pour les pays consommateurs, a commenté pour sa part le ministre français de l'Energie Jean-Louis Borloo, dont le pays prendra la présidence de l'UE en juillet.

«Il n'y a pas d'un côté les producteurs et de l'autre côté les consommateurs. On est rentrés dans une période où il faut absolument que l'on passe un pacte énergétique mondial parce que nos intérêts sont évidemment liés», a-t-il ajouté.

Les Européens, tout comme les représentants de l'Opep, se sont d'ailleurs félicités de la poursuite de leur dialogue.

«Le monde traverse une période difficile», mais «le dialogue s'est noué, et il se poursuit», a déclaré le vice-président de l'Opep, l'Angolais Desidério da Graça Verissimo da Costa.