Le lait coûte plus cher au Québec. Quatre sous de plus le litre, en moyenne, qui ne feront pas une grande différence dans le panier d'épicerie, mais qui ont suffi pour provoquer des vagues dans l'industrie laitière.

Le lait coûte plus cher au Québec. Quatre sous de plus le litre, en moyenne, qui ne feront pas une grande différence dans le panier d'épicerie, mais qui ont suffi pour provoquer des vagues dans l'industrie laitière.

«Il y a seulement au Québec où l'on réglemente le prix du lait au détail. Dans le reste du Canada, c'est le libre marché», déplore Sylvain Charlebois, professeur de marketing à l'Université de Regina, et spécialiste des questions agroalimentaires.

Résultat: le chercheur établi en Saskatchewan paiera demain matin 40% de moins pour son lait 2%.

Généralement, les Québécois paient plus cher pour leur lait à l'épicerie que les autres Canadiens.

«Je crois que le libre marché est bien parce que ça a créé une guerre de prix», lance Gilles LaHaye, de la laiterie LaHaye, qui vend du lait dans des bouteilles de verre.

M. LaHaye jette souvent un coup d'oeil aux circulaires des épiceries ontariennes. Selon lui, la différence est importante pour les consommateurs.

Deux visions s'opposent: la protection de l'agriculture québécoise ou le développement du marché dans un monde assoiffé de lait.

«C'est bien beau de protéger l'agriculture, dit Sylvain Charlebois, mais on le fait au risque de pénaliser les familles les plus pauvres parce que le prix au supermarché est plus élevé.»

Une conclusion que rejettent évidemment les défenseurs de la gestion de l'offre.

Sylvain Charlebois fait plutôt le calcul qu'en misant sur le développement d'une agriculture plus performante dans un contexte de libre marché, le Québec se retrouverait plus riche à la ligne d'arrivée.

«Oui, il y aurait une restructuration du marché et on perdrait des petites fermes familiales, admet-il. C'est dommage. Mais notre agriculture serait plus riche et plus efficace.»

Au Québec, la ferme laitière moyenne compte une cinquantaine de vaches. À titre comparatif, Danone a installé la plus grande ferme laitière du monde en Arabie Saoudite, tout près d'une de ses usines. Elle compte 30 000 vaches.

La multinationale du yogourt pourrait bien se dépasser elle-même, puisque des projets d'usines semblables sont dans l'air pour la Chine et l'Inde, deux marchés assoiffés de lait.

«C'est complètement ridicule, lance Marcel Groleau, président de la Fédération des producteurs de lait du Québec. Plus il y a de vaches, plus les risques de maladies augmentent.»

Selon le producteur laitier de Thetford Mines, les Québécois n'accepteraient jamais un tel développement.

«Ça dénaturerait le paysage agricole de la province, dit Marcel Groleau, et les Québécois perdraient leur attachement à la production laitière d'ici.»

«Une tendance inquiétante»

Le prix du lait au Québec est déterminé par la Régie des marchés agricoles et alimentaires, qui le calcule après avoir tenu compte de nombreux facteurs, dont le prix versé aux producteurs de lait. Cette fois, les agriculteurs recevront une augmentation moyenne inférieure à deux sous le litre.

Actuellement, les producteurs reçoivent 71 sous pour chaque litre vendu.

Proportionnellement, leur augmentation se situe donc sous l'inflation.

« Ce n'est pas une hausse exagérée, mais c'est une tendance inquiétante, explique Sylvain Charlebois. Depuis 2004, le prix du lait a augmenté de 15 % au Québec. C'est pratiquement le double de l'inflation!

Et quand le consommateur a besoin de lait, il va l'acheter. Rares sont ceux qui regardent le prix d'un litre de lait avant de l'acheter.»

Les laits additionnés d'oméga-3, de bactéries probiotiques ou de calcium échappent à la hausse.

Ils ne sont légalement pas considérés comme du lait, mais plutôt comme des «boissons laitières».

Ils sont toujours dans une catégorie hors norme, ce qui permet à leurs fabricants de faire des promotions et de baisser leurs prix.