La plus urbaine des fermes québécoises, la ferme SMA, située dans l'arrondissement Beauport, ferme ses portes après plus de 100 ans d'existence, et 44 personnes se retrouvent sans emploi.

La plus urbaine des fermes québécoises, la ferme SMA, située dans l'arrondissement Beauport, ferme ses portes après plus de 100 ans d'existence, et 44 personnes se retrouvent sans emploi.

Le directeur général de la ferme, M. Régent Garneau, explique que l'entreprise qui générait un chiffre d'affaires supérieur à 2 M$ annuellement était déficitaire depuis la fin des années 60.

La désinstitutionnalisation du Centre hospitalier Robert-Giffard, situé à proximité de la ferme, a joué un vilain tour aux administrateurs.

«L'accès à une médication performante, expliquent les dirigeants de la ferme, la prise en charge par l'État de l'hôpital et de ses pavillons et le développement de nouvelles thérapies tournées vers l'insertion sociale ont modifié la mission de la ferme SMA et nécessité un rajustement de ses activités.»

Cette institution met une fin abrupte à ses opérations de culture, de production laitière et de fabrication de fromage. Le couperet tombe également sur la mise en marché des plans horticoles et ornementaux.

Les activités de la fromagerie qui produisait un fromage cheddar très apprécié prennent fin immédiatement. Elle transformait annuellement plus d'un million de litres de lait. La fromagerie produisait un fromage cheddar en meule et en grains ainsi que des tortillons.

Les dirigeants de la ferme prévoient que les activités de la ferme-étable, qui accueillait un troupeau de 120 vaches Holstein et une centaine de génisses et de veaux, cesseront au début de mai. Les serres quant à elles fermeront leurs portes le 31 mai.

Les terres agricoles qui couvraient 670 acres consacrées aux cultures du foin et des céréales cesseront d'être louées à la Congrégation et au Séminaire de Québec.

Le personnel de la ferme profitera d'une aide à la suite d'une entente conclue entre la direction de la ferme et la Clinique de counseling et d'orientation de l'Université Laval.

Une multitude d'avenues ont été étudiées afin de sauver la mise. Mais, de l'avis des dirigeants de la ferme SMA, elles débouchaient toutes dans un cul-de-sac.

«De nombreuses études, souligne-t-on, ont été commandées à des experts-conseils sans qu'aucune des mesures appliquées n'apporte les résultats escomptés.»

Annuellement, la ferme voguait de déficit en déficit. C'est l'appui financier de la Congrégation des soeurs de la Charité de Québec qui a permis à cette ferme de prolonger sa longévité.

Même la vente partielle ou totale de l'ensemble des activités de l'entreprise agricole a été envisagée. «Une étude menée par une firme comptable, explique-t-on, démontre qu'il serait extrêmement difficile d'envisager la vente de ses composantes à des tiers en raison de la nature de l'entreprise et de sa localisation.»

D'autres facteurs ont pesé lourd dans la décision finale. La direction explique que la spécificité des activités de cette ferme-étable située en milieu urbain a forcé le développement de procédures particulières et a nécessité des investissements considérables.

On voulait ainsi respecter l'environnement des résidants des quartiers avoisinants. «Ce type de problématique, explique-t-on, a drainé constamment les énergies et le temps des membres de l'administration générale de la Congrégation.»

En outre, on ne cache pas que loin de s'améliorer la situation s'est aggravée en raison des conventions, sentences et ordonnances relatives à l'offre du lait et à sa mise en marché.

«À ces règlements, dit-on, s'ajoutent les normes gouvernementales sévères encadrant la transformation des aliments et la mise en marché des produits alimentaires.»

Toutes ces embûches et tous les scénarios financiers les plus optimistes conduisaient donc les administrateurs au même constat. La ferme n'est plus rentable.

«Aucune des unités d'affaires de la ferme, explique-t-on, ne pourrait générer une rentabilité positive sans un redressement financier extrêmement important et, même là, les marges de manoeuvres favorables pouvant s'en dégager seraient peu élevées.»

La direction disposera donc du quota laitier et du troupeau et décidera dans les prochains mois ce qu'il adviendra des bâtiments.