Le numéro 1 de Quebecor a trouvé la solution à son problème avec le Fonds canadien de télévision qui ne fonctionne pas à son goût: il veut avoir son propre fonds de télévision bien à lui, qui servira à financer les productions de Quebecor seulement. Les autres diffuseurs sont libres de s'arranger comme ils voudront.

Le numéro 1 de Quebecor a trouvé la solution à son problème avec le Fonds canadien de télévision qui ne fonctionne pas à son goût: il veut avoir son propre fonds de télévision bien à lui, qui servira à financer les productions de Quebecor seulement. Les autres diffuseurs sont libres de s'arranger comme ils voudront.

Inutile de préciser que Radio-Canada n'ira pas puiser dans ce nouveau Fonds, alors que la SRC reçoit 37% du Fonds actuel. M. Péladeau n'a rien contre un diffuseur public subventionné par l'État, mais il ne veut pas le financer par l'entremise du Fonds avec ses revenus du câble.

Au cours d'une conférence de presse lundi qui a été diffusée sur la chaîne LCN, propriété de Quebecor, M. Péladeau a décoché des flèches empoisonnées au directeur actuel du Fonds canadien qui trouve que tout va bien.

«Un refus de voir la réalité», a-t-il commenté. Il s'en est pris aussi aux producteurs privés qui ne mettent pas d'argent dans les oeuvres qu'ils vendent aux diffuseurs.

«Ces entreprises ne prennent aucun risque, dit-il, et sont généreusement rémunérées sur la base d'un pourcentage fixe du coût total de la production.»

L'approche de Quebecor ne fera pas disparaître la production «dite indépendante», précise-t-il.

«Au lieu d'être des experts en financement, les producteurs indépendants devront devenir des experts en production», a-t-il ajouté. Et cette mutation se fera pour le plus grand bien de la télévision, conclut-il.

JPL Productions, qui appartient à Quebecor et produit notamment Les poupées russes et Le banquier, sera le producteur et coordonnateur des séries confiées à la sous-traitance.

La ministre du Patrimoine Bev Oda et le CRTC ont reçu le projet de M. Péladeau lundi, presque en même temps qu'il était remis aux journalistes.

M. Péladeau ne veut pas la disparition du Fonds actuel. Les entreprises qui souhaitent y rester sont libres de le faire. Celles qui en sortent, comme Quebecor Média, renonceront aux subventions gouvernementales. Patrimoine Canada injecte 100 millions par an dans le Fonds.

Mais le No 1 de Quebecor ne veut pas renoncer à tout l'argent public. Les crédits d'impôts fédéraux à ses productions devront continuer, et il veut pour JPL l'accès aux crédits d'impôt provinciaux, qui lui ont été refusés jusqu'ici. Quebecor entend investir 30 millions en 2007 et 109 millions au cours des trois prochaines années dans son nouveau Fonds.

C'est dorénavant Quebecor qui désignerait la majorité des membres du conseil d'administration, soit trois sur cinq. Les deux autres seraient choisis par le CRTC.

On sait que l'empire Quebecor a cessé de faire ses paiements mensuels au Fonds canadien de télévision en début d'année pour protester contre son mode de fonctionnement. Jusqu'ici, le CRTC n'a rien dit sur cette «grève du fric».

On a très hâte de voir comment le gouvernement fédéral et le CRTC réagiront à cette déclaration d'indépendance de Quebecor. On peut toutefois prédire que le milieu des producteurs sera catastrophé.

Déjà la semaine dernière il se disait pris en otage par la fronde de l'empire de M. Péladeau qui risque de fortement diminuer la production d'émissions de chez nous.