Deux poids lourds du secteur énergétique canadien ont sauté dans la mêlée concernant le système de redevances en vigueur en Alberta, mercredi, en estimant que la hausse envisagée de 20 % aurait des répercussions dévastatrices.

Deux poids lourds du secteur énergétique canadien ont sauté dans la mêlée concernant le système de redevances en vigueur en Alberta, mercredi, en estimant que la hausse envisagée de 20 % aurait des répercussions dévastatrices.

Petro-Canada a ainsi déclaré que toute hausse des redevances devrait être associée à une hausse du prix des hydrocarbures, et qu'elle devrait être mise en place graduellement pour en minimiser l'impact.

De son côté, dans une lettre ouverte envoyée au premier ministre albertain Ed Stelmach, l'ancien chef de la direction de Talisman Energy, Jim Buckee, affirme que l'entreprise réduira probablement ses investissements dans cette province de quelque 500 M$, si la hausse est approuvée.

«(Petro-Canada convient) du fait qu'il est raisonnable que les Albertains s'attendent à récolter des revenus de redevances plus élevés compte tenu des prix plus élevés du pétrole et du gaz, a indiqué l'entreprise dans sa propre lettre acheminée à M. Stelmach. Toutefois, il est aussi important d'établir un juste équilibre entre les taux des redevances et l'activité économique, car ces deux éléments influent sur la valeur totale que reçoivent les Albertains.»

De plus, ajoute la compagnie, si «les recommandations du rapport étaient mises de l'avant telles qu'elles sont formulées, nous croyons que les investissements en Alberta en souffriraient considérablement».

Petro-Canada conteste aussi certaines des affirmations du rapport, notamment celle voulant que les taux des redevances de 82 % des puits de gaz naturel diminueront.

«Aux prix actuels, des redevances plus élevées seront perçues pour presque tous les puits, affirme la société. Des redevances plus élevées viendraient s'ajouter à la réduction de 30 % des activités de forage, et les pertes d'emplois correspondantes, déjà subies cette année.»

Petro-Canada réinvestit une bonne partie des profits qu'elle réalise en Alberta, à hauteur de 2 G$ cette année, a rappelé le chef de la direction Ron Brenneman.

Pour sa part, Jim Buckbee, affirme que «d'interférer avec les investissements en augmentant la récolte du gouvernement nuit aux Albertains, surtout dans les petites villes et les régions rurales de la province».

Si le système de redevances est modifié, a-t-il ajouté, Talisman retrancherait vraisemblablement 500 M$ aux investissements prévus en Alberta, en plus de la réduction de 500 M$ déjà envisagée en raison du recul des prix du gaz naturel.

Petro-Canada et Talisman ne sont que les plus récentes entreprises à prendre position dans ce dossier. Mardi, Crescent Point Energy Trust a prévenu que des investissements de 150 M$ prévus en Alberta seront plutôt réalisés en Saskatchewan, si les redevances sont effectivement haussées de 20 %.

Et la semaine dernière, EnCana avait fait savoir qu'elle pourrait sabrer 1 milliard $ à ses dépenses prévues en Alberta dès l'an prochain, si la totalité du rapport est adoptée.

Mais l'analyste Amy Taylor, de l'Institut Pembina de Calgary, croit que les entreprises tentent seulement d'intimider M. Stelmach avant qu'il n'annonce sa décision.

Et mercredi, le ministre des Ressources naturelles de la Saskatchewan, Maynard Sonntag, a indiqué que sa province n'a aucune intention de hausser les redevances exigées aux entreprises énergétiques.

À Toronto mercredi, le titre de Talisman a reculé de 22 cents à 19,50 $, celui de Petro-Canada de 68 cents à 55,06 $, celui d'EnCana de 1,07 $ à 61,45 $ et celui de Crescent Point de 16 cents à 20,76 $.