Les cambistes en sont venus à la conclusion que rien de ce que fait l'économie américaine ne peut être accompli en mieux par le Canada. En beaucoup mieux, même.

Les cambistes en sont venus à la conclusion que rien de ce que fait l'économie américaine ne peut être accompli en mieux par le Canada. En beaucoup mieux, même.

Les dollars canadiens et américains, qui s'étaient échangés en tandem 94% du temps depuis l'an 2000, ont découplé en mai dernier et leur écart s'est agrandi pendant le plus grand laps de temps cette décennie, selon des données compilées par Bloomberg.

Au moment où le pire ralentissement du secteur de l'habitation en 16 années menace de ralentir la croissance économique aux États-Unis, les prix records du pétrole et la hausse des prix du cuivre et du zinc stimulent les exportations canadiennes et permettent à Ottawa d'équilibrer son budget.

Les produits énergétiques ont formé 19% des exportations canadiennes cette année comparativement à 12% en 2002, indiquent des données gouvernementales.

«Le Canada est dans une position très forte», constate John Taylor, président de FX Concepts, de New York, qui gère 12,1 milliards US en devises.

«Son économie a divergé considérablement de celle des États-Unis et elle possède toutes ces choses dont le monde a besoin, ajoute-t-il. Je considère qu'à long terme, le dollar canadien sera plus fort que le dollar américain.»

Le huard s'est apprécié d'environ 4% par rapport au dollar américain depuis le 12 juin dernier dans un contexte de conjectures voulant que les pertes liées au secteur des prêts hypothécaires à risque aux États-Unis inciteront la Réserve fédérale américaine (Fed) à abaisser les taux d'intérêt aujourd'hui.

Parmi les 16 devises faisant l'objet du plus grand nombre de transactions, aucune n'a fait mieux que le huard, dont la progression a été de 13,5% par rapport au dollar américain cette année.

Lundi, le huard a atteint 97,28 cents US, un sommet de 30 ans.

La devise canadienne a rebondi par rapport à un creux de 61,80 cents US en janvier 2002.

Les contrats à terme montrent que les fonds spéculatifs et les grands spéculateurs haussent leurs paris que le huard va poursuivre sur sa lancée.

Au 11 septembre dernier, les investisseurs possédaient un total net de 58 754 contrats pariant sur une hausse du huard, une augmentation de 14% sur la semaine précédente au Chicago Mercantile Exchange, selon la Commodity Futures Trading Commission, de Washington.

Jusqu'en mai dernier, les dollars canadien et américain se sont appréciés et dépréciés par rapport à l'euro selon des schémas semblables 94% du temps depuis le lancement de la devise unique de l'Europe en 1999.

Le huard a reflété les gains de l'euro par rapport au dollar américain pendant plus de trois mois.

Le dollar canadien s'est apprécié de 2,4% la semaine dernière tandis que les marchés des contrats à terme estimaient que David Dodge, gouverneur de la Banque du Canada, laissera le taux directeur à 4,5% cette année alors que la Fed abaissera sa cible pour les prêts d'un jour entre les banques, qui se situe à 5,25%.

Par ailleurs, l'obligation canadienne de deux ans offre un rendement supérieur aux bons du Trésor américain pour la première fois depuis 2004, ce qui ajoute à l'attrait du huard.

Mais le Canada ne peut pas échapper à un ralentissement aux États-Unis, croit David Mozina, stratège principal en matière de devises de Lehman Brothers Holdings, à New York. Il recommande donc de vendre le dollar canadien contre la couronne norvégienne, le yen japonais et le franc suisse.