Même s'il aura coûté 4 milliards de dollars, le projet Eastmain-1A-Dérivation Rupert produira des profits dès sa mise en service en 2011, prévoit Hydro-Québec.

Même s'il aura coûté 4 milliards de dollars, le projet Eastmain-1A-Dérivation Rupert produira des profits dès sa mise en service en 2011, prévoit Hydro-Québec.

La société d'État, qui fera l'annonce officielle du projet aujourd'hui, pense en effet vendre toute l'énergie produite par ses futures installations, soit 8,5 milliards de kilowattheures par année, à un prix supérieur à 7,6 cents l'unité, alors que cette énergie lui coûtera 4,4 cents le kilowattheure à produire.

La différence signifie un profit net de 151 millions dès la première année d'exploitation, qui augmentera par la suite à un rythme légèrement supérieur à l'inflation, selon les documents déposés par Hydro devant l'Agence canadienne d'évalutation environnementale.

Jean-Thomas Bernard, professeur à l'Université Laval et spécialiste en énergie, se méfie beaucoup de ce genre de prévisions à trop long terme. Il y a trop d'arbitraire là-dedans, selon lui. Ceci dit, le professeur croit que le projet sera rentable pour Hydro, s'il y a de l'eau pour remplir les réservoirs.

«C'est le dernier projet hydro-électrique d'envergure qui peut être réalisé au Québec à un coût raisonnable», estime-t-il.

À 4,4 cents le kilowattheure, l'énergie qui sera produite par Eastmain-1A-Dérivation Rupert se compare favorablement à l'énergie éolienne, à 8,7 cents le kilowattheure (le prix du premier appel d'offres), et à plus de 10 cents le kilowattheure pour la production de la nouvelle centrale au gaz naturel de TransCanada Energy à Bécancour.

Si le coût de production du projet est si bas, c'est que la dérivation de la rivière Rupert amènera de tonnes d'eau dans les trois centrales existantes de la Baie-James (Robert-Bourassa, La Grande-2-A et La Grande-1), dont le coût est déjà amorti. La même eau servira aussi à produire de l'électricité dans deux nouvelles centrales (Eastmain -1A et Sarcelle).

Selon Jean-Thomas Bernard, seul le charbon peut actuellement produire de l'électricité à un coût comparable. Les autres projets hydroélectriques envisagés par Hydro, soit Chute-Allard/Rapide-des-coeurs et Péribonka, ont des prix de revient plus élevés, soit entre 6 et 8 cents le kilowattheure.

Le développement du Bas-Churchill (Gull Island et Muskrat Falls), qui se heurte à des obstacles politiques de taille, aurait un coût de revient de l'ordre de 6 à 7 cents le kilowattheure.

Les prévisions de rentabilité pour le projet de Eastmain-1A-Dérivation Rupert sont basées sur un dollar canadien à 0,80 US. Comme la valeur du dollar a beaucoup augmenté et que le mouvement à la hausse pourrait se poursuivre d'ici 2011, les profits escomptés pourrraient être moindres, si cette énergie est exportée aux États-Unis.

C'est vrai, estime Jean-Thomas Bernard, mais Hydro-Québec peut faire autant de profit en vendant l'énergie au Québec au prix du marché et en dollars canadiens, selon lui.

Selon Hydro-Québec, les 8,5 milliards de kilowattheures qui seront produits par Eastmain-1A sont destinés en priorité au marché du Québec. Les nouvelles installations lui donneront toutefois une marge de manoeuvre pour accroître ses exportations, surtout dans les premières années suivant la mise en service du projet.

«Tous les scénarios raisonnables de vente dans les marchés d'exportation sont rentables», affirme Hydro.