La Banque du Canada a annoncé jeudi qu'elle pourrait fournir des liquidités pour stabiliser les marchés si la crise du crédit observée aux États-Unis se propageait.

La Banque du Canada a annoncé jeudi qu'elle pourrait fournir des liquidités pour stabiliser les marchés si la crise du crédit observée aux États-Unis se propageait.

La direction de la banque centrale soutient suivre de près la situation, se tenant prête à prendre les «mesures appropriées selon les circonstances».

L'institution pourrait ainsi fournir des liquidités pour «soutenir la stabilité du système financier canadien et le fonctionnement continu des marchés».

La crise des prêts immobiliers à risque américains («subprime»), d'abord circonscrite au marché américain, s'est étendue ces derniers jours, avec l'annonce que les banques australienne Macquarie, américaine Bear Stearns, britannique HSBC et allemande IKB, étaient sérieusement touchées.

Jeudi, c'est BNP Paribas qui a annoncé qu'elle gelait trois fonds de placement composés de titres adossés à des créances immobilières.

La Fed apporte 24 G$ US aux marchés financiers

La banque centrale américaine (Fed) a mis 24 G$ US à la disposition des marchés financiers jeudi matin.

La banque centrale n'a pas émis de communiqué, se contentant de confirmer la taille des opérations de prise de pension au jour le jour.

«Ce n'est vraiment pas grand chose», a affirmé l'économiste Nariman Behravesh de Global Insight. Le taux directeur de la Fed avait de fait grimpé jusqu'à 5,5 % au cours de la nuit et la banque centrale n'a fait que le ramener vers son objectif de 5,25 %, a-t-il ajouté.

Kenneth Logan, de Thomson IFR Markets, a pour sa part affirmé que «cela suggère que le financement aux États-Unis fonctionne à un niveau proche de la normale».

«Une crise du crédit plus grave et plus prolongée pourraient conduire à une baisse des taux, mais la première mission de la Fed est de maintenir la liquidité des marchés», a affirmé M. Behravesh.

Intervention remarquée de la Banque centrale européenne

Les analystes soulignent que le geste de la Fed n'est en rien comparable à celui de la Banque centrale européenne (BCE), qui a injecté 94,8 G$ US jeudi dans le circuit monétaire de la zone euro.

La BCE a injecté ce montant record pour permettre aux banques de faire face à une pénurie subite de liquidités, provoquée par la crise du crédit à risques.

La situation pourrait nécessiter d'autres interventions

Certains analystes jugent «perturbante» l'apparente absence de visibilité de la BCE et de la Fed sur les problèmes en train de se développer sur leurs marchés monétaires.

«Si ces problèmes s'avèrent beaucoup plus graves, alors une politique réactive plutôt que préventive apparaîtra sans doute comme une erreur a posteriori», a estimé Tony Crescenzi de Miller Tabak.

De son côté, le président américain George W. Bush a estimé jeudi qu'il y avait «assez de liquidités» pour permettre un ajustement des marchés.

Après les turbulences des dernières semaines, les marchés obligataires américains estimaient de plus en plus probable que la Fed abaisse ses taux directeurs à 5 % lors de sa prochaine réunion, le 18 septembre.

La banque centrale avait réaffirmé son objectif de 5,25 % lors de sa dernière réunion mardi, et souligné que l'inflation restait sa préoccupation prédominante.

Mais elle avait pour la première fois reconnu la «volatilité» des marchés financiers, ce que certains ont interprété comme une porte entrouverte à un assouplissement de la politique monétaire.

Des répercussions multiples

Les Bourses mondiales évoluent de façon très nerveuse depuis deux semaines et l'incertitude sur l'étendue de la crise du crédit a entraîné une forte aversion au risque et un repli vers des produits «sûrs».

L'aversion au risque se traduit aussi par une remontée du dollar américain, considéré comme une valeur refuge en périodes de turbulences, et par un fort rebond du yen.

Elle contribue aussi à la chute des cours pétroliers, car si la crise immobilière s'aggrave, elle pèsera sur la consommation américaine, et par extension sur la demande pétrolière de la première économie mondiale.