Un an après le lancement de sa campagne d'achat au Québec, Wal-Mart (WMT) recherche toujours des produits québécois enfin, des produits sino-québécois, disent ses détracteurs.

Un an après le lancement de sa campagne d'achat au Québec, Wal-Mart [[|ticker sym='WMT'|]] recherche toujours des produits québécois enfin, des produits sino-québécois, disent ses détracteurs.

Wal-Mart Canada estime faire sa part pour l'économie canadienne en achetant plus de 80 % de ses produits à des fournisseurs canadiens. «Nous sommes perçus comme une entreprise américaine qui achète en Chine, dit Mario Pilozzi, président et chef de la direction de Wal-Mart Canada, en entrevue à La Presse Affaires. C'est très loin de la réalité. Je suis fier de dire que Wal-Mart Canada achète moins de 20 % de ses produits dans d'autres pays.»

«Plus de 80 % de nos produits proviennent de fournisseurs canadiens, ajoute M. Pilozzi. Nous cherchons à être un détaillant local. Nous voulons que nos clients se sentent chez eux.»

Les détracteurs de Wal-Mart ne sont pas impressionnés par le succès de la campagne Achat-Québec.

Les contrats d'une valeur annuelle de 1,75 milliard de dollars ont beau être conclus au Québec, les produits qui se retrouvent sur les tablettes sont souvent fabriqués en Asie et distribués par des entreprises québécoises, font-ils remarquer. «La campagne de Wal-Mart est habile car le consommateur qui ne fouille pas plus qu'il faut ne voit pas la différence, dit Louis Bolduc, adjoint à la direction des Travailleurs unis de l'alimentation et du commerce (TUAC-FTQ). Nous sommes en faveur de toute campagne visant à acheter au Québec mais nous n'approuvons pas la façon dont Wal-Mart mène sa campagne. Elle n'encourage pas les produits québécois mais les produits fabriqués en Chine qui contribuent à la délocalisation des emplois du Québec.»

Wal-Mart ne dévoile pas de chiffres sur les pays où sont fabriqués ses produits. Mais l'entreprise n'est pas d'accord avec les conclusions des TUAC, qui détiennent trois accréditations syndicales dans ses magasins de Saint-Hyacinthe, Gatineau et Hull. «Ce n'est pas moi qui décide où les produits sont fabriqués, rétorque Mario Pilozzi. Nous agissons comme l'agent de nos clients. Nous tentons de leur trouver les meilleurs produits. Si nous pouvons les trouver au Canada, c'est tant mieux.»

Bonne nouvelle quand même

Depuis le lancement d'Achat-Québec en juin 2006, Wal-Mart Canada a acheté pour 230 millions de dollars de plus à des fournisseurs québécois. Il s'agit d'une hausse de 15,1 %, soit presque deux fois plus que la hausse totale des achats de Wal-Mart Canada pendant la même période, évaluée à 8,3 %. Le géant du commerce au détail verse annuellement 1,75 milliard à des fournisseurs québécois, ce qui représente 14,8 % des achats de ses 290 magasins situés au Canada.

La plus grande association de manufacturiers au pays appuie le programme Achat-Québec. «C'est une bonne nouvelle pour l'économie québécoise même si les produits identifiés comme québécois ne sont pas nécessairement fabriqués au Québec. Wal-Mart pourrait faire un pas de plus au niveau de la divulgation. Si les consommateurs le demandent, Wal-Mart va le faire», dit Jean-Michel Laurin, vice-président aux stratégies d'affaires mondiales de Manufacturiers et Exportateurs du Canada, qui regroupe 600 membres au Québec.

Si Wal-Mart décidait d'identifier seulement ses produits fabriqués au Québec et non ses produits achetés à des fournisseurs québécois, la société ouvrirait une boîte de Pandore, prévient M. Laurin.

«C'est de plus en plus difficile de déterminer la nationalité d'un produit, dit-il. Il peut y avoir 12 pays différents dans votre ordinateur. Les iPod sont fabriqués en Chine, mais le design est conçu aux États-Unis. En plus, Wal-Mart distribue beaucoup de produits de consommation de masse, que les entreprises québécoises cherchent souvent à faire fabriquer à l'étranger.»

Wal-Mart compte présentement sur 1669 fournisseurs québécois, soit 319 de plus qu'au lancement d'Achat-Québec en juin 2006. La société, qui emploie 12000 personnes dans ses 52 magasins au Québec, espère hausser son nombre de fournisseurs québécois au cours des prochaines années.