Le président et chef de la direction d'Alcoa (AA), Alain Belda, a récemment écrit à son homologue d'Alcan (T.AL), Dick Evans, pour lui dire qu'il était prêt à bonifier son offre publique d'achat pour l'entreprise montréalaise, une proposition que M. Evans a rejetée du revers de la main, «pour l'instant».

Le président et chef de la direction d'Alcoa [[|ticker sym='AA'|]], Alain Belda, a récemment écrit à son homologue d'Alcan [[|ticker sym='T.AL'|]], Dick Evans, pour lui dire qu'il était prêt à bonifier son offre publique d'achat pour l'entreprise montréalaise, une proposition que M. Evans a rejetée du revers de la main, «pour l'instant».

M. Belda a même offert de rencontrer M. Evans à Montréal pour discuter du dossier.

C'est ce que révèlent des documents déposés mardi à la Securities and Exchange Commission des États-Unis.

Alors que les rumeurs vont bon train à l'effet que les géants miniers BHP Billiton et Rio Tinto examinent les livres d'Alcan dans le but de présenter des offres rivales, la surenchère d'Alcoa n'est pas étonnante, a affirmé un analyste financier qui a requis l'anonymat.

«Je ne suis pas surpris, non plus, qu'Alcan ait rejeté ces avances parce qu'habituellement, dans un tel processus, la compagnie cible tente de faire progresser les discussions avec un autre acheteur potentiel avant de revenir au premier soumissionnaire, a-t-il expliqué. Quand Alcan pensera être en mesure d'obtenir une offre compétitive, elle se retournera vers Alcoa et dira: «quel est le meilleur prix que vous pouvez offrir?» Je pense donc que le processus se déroule largement comme prévu.»

L'offre d'achat d'Alcoa pour Alcan, dévoilée le 7 mai et composée d'espèces et d'actions, était évaluée mardi à environ 80,16 $ l'action ou 29,5 G$.

Les marchés s'attendant à une surenchère, le titre d'Alcan se transige au-delà des 85 $ depuis le 7 mai. Mardi, il a clôturé à 88,83 $, en hausse de 2,2 %, à la Bourse de Toronto, tandis que celui d'Alcoa a pris 1 % pour terminer la séance à 41,50 $ à la Bourse de New York.

Dans une première lettre envoyée le 20 juin, M. Belda, se fiant à une nouvelle publiée par le quotidien australien «Sydney Morning Herald», a demandé à M. Evans pourquoi Alcan avait donné accès à ses informations confidentielles à d'autres compagnies intéressées à acquérir le géant canadien.

Il a demandé accès aux informations confidentielles d'Alcan, en précisant que cela lui permettrait de déterminer s'il est possible de «dégager» plus de valeur pour les actionnaires d'Alcan dans le cadre de l'OPA.

Deux jours plus tard, Dick Evans a répondu que dans le meilleur intérêt de ses actionnaires, Alcan explorait plusieurs possibilités, y compris des discussions avec des tiers.

Si Alcoa souhaite avoir accès aux informations confidentielles d'Alcan, l'entreprise américaine devra signer un accord de confidentialité et un pacte de non-agression («standstill agreement»'), a-t-il ajouté.

Or, c'est sur la signature d'un pacte de non-agression que de précédents pourparlers de fusion avaient échoué entre Alcoa et Alcan.

Le 27 juin, Alain Belda est revenu à la charge en proposant à M. Evans de le rencontrer à Montréal afin de discuter de la conclusion de tels accords, mais en tenant compte du fait qu'Alcoa a déjà présenté une offre d'achat pour Alcan.

Dans un entretien téléphonique, un porte-parole d'Alcoa, Kevin Lowery, a expliqué que les pactes de non-agression ont habituellement pour but de ficeler une transaction, et non de bonifier une offre déjà existante.

Un pacte de non-agression prévoit que deux compagnies ne peuvent pas acheter d'actions l'une de l'autre pendant un certain temps. Selon Alcan, Alcoa a toujours refusé de signer un tel pacte afin de garder intacte la possibilité de lancer une OPA hostile.

«Quelques heures plus tard, les gens d'Alcan ont changé d'idée et ont refusé (de signer un pacte de non-agression)», a affirmé M. Lowery.

En effet, le soir du 27, Dick Evans a envoyé un courriel à M. Belda pour lui indiquer que le comité stratégique du conseil d'administration d'Alcan avait pris connaissance de sa correspondance et qu'il en avait discuté à fond.

«A ce moment, nous ne voyons pas de raison de poursuivre les pourparlers ou la correspondance», a écrit M. Evans.

Le 28 juin, Alain Belda a expédié une dernière lettre dans laquelle il dit ne pas comprendre la réaction de son homologue.

«Je crois que vous serez d'accord avec moi pour dire que la seule façon pour vous d'être certain que vous avez maximisé la plus-value pour les actionnaires et conclu une transaction qui est dans le meilleur intérêt de vos actionnaires est de nous inclure dans tout processus que vous pouvez mener», a lancé M. Belda, en se mettant à la disposition de M. Evans pour de nouvelles discussions.

«Alcoa a eu deux ans pour présenter une offre intéressante et ne l'a jamais fait», a répliqué mardi une porte-parole d'Alcan, Anik Michaud, en refusant de confirmer ou d'infirmer que la société avait donné accès à ses informations confidentielles à Rio Tinto et à BHP.

Selon plusieurs analystes, le feuilleton entourant Alcan se poursuivra au moins jusqu'à la fin de l'année. On s'attend à ce qu'Alcoa prolonge la durée de son offre, qui expire le 10 juillet, afin de terminer les négociations avec les autorités réglementaires.