Quoi de moins «sexy» qu'un fabricant de poteaux de téléphone et de traverses de chemin de fer en bois traité?

Quoi de moins «sexy» qu'un fabricant de poteaux de téléphone et de traverses de chemin de fer en bois traité?

Pourtant, depuis trois ans, Stella-Jones [[|ticker sym='T.SJ'|]] offre des rendements excitants à ses actionnaires.

Au cours de la dernière année seulement, son titre a plus que doublé pour dépasser les 40 $.

«C'est le genre de société, peu flamboyante mais efficace, qui passe quelquefois sous le radar des investisseurs», constate l'analyste Martin Goulet, de la Financière Banque Nationale.

Même si le titre a touché sa cible de 42 $, mercredi, il demeure un de ses favoris.

La semaine dernière, l'entreprise de l'arrondissement de Saint-Laurent, ancienne division de Domtar, a présenté de bons résultats pour son premier trimestre.

Pour les trois premiers mois de l'année, elle a engrangé un profit de 48 cents par action par rapport à 32 cents l'an dernier. Les attentes étaient de 40 cents.

Quel est le secret de son succès?

«Au Canada, Stella-Jones est chef de file dans des secteurs qui lui procurent des revenus récurrents», explique le spécialiste.

Elle détient 70 % du marché des poteaux de bois et des traverses de chemin de fer au pays.

L'entretien du matériel existant et la demande liée à de nouvelles constructions lui assurent une croissance organique de 3 ou 4 % par année, souligne l'analyste.

Il y a 15 millions de poteaux (téléphone, électricité) au Canada. Leur durée de vie est d'environ 50 ans, pour un taux de remplacement de 2 % par année.

«Bon an, mal an, cela représente l'équivalent de 300 000 poteaux par année», estime Martin Goulet.

Ses revenus proviennent à 50 % des poteaux, à 35 % des traverses de chemins de fer et à 15 % de bois pour usage industriel (clôtures, patios, etc.)

Stella-Jones est aussi présente aux États-Unis, où elle détient 5 % du marché dans ses segments d'activité. «C'est de là que viendra une bonne partie de la croissance», estime l'analyste.

Parmi les occasions américaines, il souligne que des crédits d'impôt permettent aux sociétés de chemins de fer régionales de remplacer avantageusement des traverses. C'est ce qui fait que la demande est en hausse de 5 % depuis deux ans pour ce seul facteur.

Par ailleurs, pas moins de 89 projets d'usines d'éthanol nécessiteront des milliers de traverses pour relier les installations aux approvisionnements de maïs.

Sans compter, ajoute-t-il, que Stella-Jones est en bonne position pour profiter de la consolidation dans son industrie.

«Il y a 400 usines de traitement de bois aux États-Unis, dit-il. La plupart sont détenus par des propriétaires locaux.»

Ces usines se spécialisent, notamment, dans l'application de préservatifs (créosote, etc.) pour conserver le bois.

Depuis son arrivée à la barre de l'entreprise, il y a six ans, Brian McManus a délesté les activités internationales non rentables pour se concentrer sur les marchés canadiens et américains.

De cette façon, la compagnie a été en mesure de mieux se concentrer sur ses grands clients, comme le Canadien National, Bell Canada et Hydro-Québec.

Elle s'est aussi tournée vers des acquisitions qui lui ont permis de grandir et d'améliorer ses marges de profit grâce à des synergies et des économies d'échelles.

Ce faisant, ses revenus sont passés de 96 millions en 2003 à presque 300 millions cette année.

En février dernier, elle a réalisé son cinquième achat en mettant la main pour 22,3 millions US sur l'américaine J.H. Baxter & Co, un fabricant de poteaux de bois dans l'État de Washington affichant des revenus de 30 millions US.

«Il pourrait y avoir une nouvelle acquisition vers la fin de l'année», avance Martin Goulet.

Pour le moment, son niveau d'endettement est relativement élevé, avec un ratio dette/capitalisation totale de 48,5 %. Toutefois, puisque ses flux monétaires libres sont élevés (28 millions prévus cette année), elle pourrait être en mesure de faire une transaction dans quelques trimestres, pense l'analyste.