Après avoir ambitionné de devenir le numéro un des camions blindés en Amérique du Nord, Corporation de sécurité Garda World a annoncé mardi qu'elle envisageait de vendre ses activités de transport de valeurs pour tenter d'effacer la lourde dette qu'elle a accumulée au cours de sa croissance rapide.

Après avoir ambitionné de devenir le numéro un des camions blindés en Amérique du Nord, Corporation de sécurité Garda World a annoncé mardi qu'elle envisageait de vendre ses activités de transport de valeurs pour tenter d'effacer la lourde dette qu'elle a accumulée au cours de sa croissance rapide.

«Lorsque vous jouez avec de la dette, quelques fois vous pouvez vous brûler, et aujourd'hui nous nous sommes brûlés avec l'effet de levier», a admis mardi le chef de la direction, Stéphan Crétier, lors d'un entretien suivant l'annonce de ses résultats financiers du deuxième trimestre.

Les investisseurs ont mal accueilli la nouvelle, ainsi que les résultats financiers du deuxième trimestre, publiés tard lundi soir. L'action de Garda a dégringolé de plus de 54 pour cent à la Bourse de Toronto, cédant 4,80 $ pour clôturer à 4,05 $.

Garda a annoncé son changement de stratégie lors de la publication de ses résultats financiers du deuxième trimestre, pour lequel elle a affiché une perte de 1,1 million $. La société a de plus révélé avoir dû renégocier ses emprunts à de plus hauts taux d'intérêt.

Les revenus trimestriels ont chuté de 5,5 pour cent à 301,1 millions $ au trimestre terminé le 31 juillet.

La perte nette par action est de trois cents, comparativement à une perte nette de 1,5 million $, ou cinq cents l'action, pour la même période l'an dernier.

Les analystes tablaient en moyenne sur un bénéfice par action grandement supérieur de 17 cents l'action, selon la firme Thomson Financial.

Le fournisseur montréalais de gardes de sécurité et de camions blindés - la cinquième plus grande société de sécurité au monde - a invité mardi toute personne intéressée par ses activités de camions blindés à déposer une offre, après avoir indiqué en avoir reçu une cet été.

M. Crétier a ajouté que l'offre non sollicitée, qu'il a qualifiée de «très solide», provenait soit du leader de l'industrie Brinks ou d'une firme privée.

Malgré l'optimisme dont M. Crétier fait preuve pour ce segment d'affaires, le conseil d'administration de Garda a jugé que l'offre était assez sérieuse pour la considérer, ainsi que toute autre offre qui pourrait survenir.

«Il y a plusieurs joueurs potentiels qui pourraient racheter ces activités et (un éventuel acheteur) pourrait décider d'en fermer le capital», a-t-il ajouté.

Selon Sara O'Brien, analyste chez RBC Marchés de capitaux, l'acheteur le plus probable du point de vue stratégique serait G4S. La société britannique étudie actuellement le potentiel de diverses cibles et n'a pas de présence américaine au chapitre du transport de valeurs.

«Nous ne nous attendons pas à voir des joueurs financiers adopter le rôle de repreneurs, compte tenu de la tourmente des marchés financiers», a-t-elle écrit dans un rapport dans lequel elle fait passer sa cible d'un an sur le cours de l'action de Garda à 5 $. Elle était précédemment de 15 $.

Stéphan Crétier, qui détient environ 22 pour cent des actions de Garda, affirme que la vente du secteur des transports de valeurs faisait partie de sa vision pour l'entreprise, mais il n'avait pas cru que ce jour viendrait si rapidement.

Ce revirement de situation survient à peine un an après que M. Crétier se soit dit impatient de prendre le dessus sur Brinks, après être parvenu à se hisser au numéro deux de ce secteur en à peine 12 ans.

«Je ne vois pas cela comme quelque chose de négatif», a-t-il précisé à propos de la vente éventuelle.

«Nous nous retrouverions avec une compagnie qui n'aurait plus de dette dans un environnement où la dette est aujourd'hui perçue comme le sida.»

Mais l'analyste Airan Friedman, de la firme Accountability Research, croit que Garda pourrait avoir de la difficulté à attirer une offre lucrative vu la situation actuelle du marché.

«ll va y avoir très peu d'acheteurs et ceux qui vont vouloir avancer de l'argent vont faire une offre (...) moins intéressante parce qu'ils vont probablement voir l'état de désespoir dans lequel se trouve Garda», a-t-il noté lors d'un interview.

M. Friedman, qui a critiqué Garda pour son manque de transparence - la société ne tient pas de conférence téléphonique pour commenter ses résultats trimestriels -, a indiqué qu'il y avait déjà un bon moment que les analystes s'inquiétaient du niveau de la dette de l'entreprise, qui totalise près de 608 millions $.

En plus des services de transport de valeurs, Garda se concentre sur le secteur de la sécurité physique, des enquêtes et services conseils et des services de renseignements aux entreprises, au Canada, aux États-Unis et ailleurs dans le monde.