Confiance et discipline

Confiance et discipline

«Comment réagir? Il ne faut pas réagir!» blague François Rainville, gestionnaire de portefeuille pour les clients fortunés de la Banque de Montréal, chez BMO Banque privée Harris.

Bien sûr, le contexte est inquiétant. Mais le pire réflexe est de vendre. «Quand on tire l'élastique par en arrière, éventuellement ça repart», dit le gestionnaire.

À preuve, la Bourse canadienne a repris 6% au cours des quatre dernières séances.

Autrement dit, ce n'est pas en liquidant leurs actions, pour se réfugier en argent, que les investisseurs verront leur portefeuille rebondir le plus vite.

Il faut avoir confiance dans les décisions de placement qu'on a prises et dans la personne qui s'occupe de notre portefeuille. Il faut garder sa discipline.

Le temps de réinvestir

«Quand on a le nez collé sur l'écran, ou sur les manchettes des journaux, on a l'impression que ça augure très mal», dit Vincent Lépine, vice-président à la recherche, chez Gestion globale d'actifs CIBC.

Bien sûr, l'incertitude est grande. Les marchés ne savent pas sur quel pied danser. Malgré tout, M. Lépine croit que la Bourse s'en tirera honorablement en 2008.

«Ceux qui investissent à long terme, peuvent songer à racheter», dit-il.

Les actions ne sont pas chères en ce moment, ce qui limite les risques de correction prolongée.

«Le marché a intégré une bonne partie des risques de récession», considère Pierre Lapointe, stratège adjoint, à la Financière Banque Nationale.

Jusqu'ici très pessimiste pour la Bourse, la firme de courtage invite maintenant les investisseurs à rehausser de 40% à 55% le poids des actions dans un portefeuille équilibré.

À court terme, frustrant

Mais les turbulences ne sont pas terminées. À court terme, le repêchage d'aubaines pourrait être frustrant, met en garde Vincent Delisle, stratège aux Marchés mondiaux Scotia.

Il a étudié le comportement de la Bourse, lors des récessions aux États-Unis, depuis 1960. De son sommet jusqu'à son creux, l'indice S&P500 perd en moyenne 29,9%. Ainsi, la baisse n'est peut-être pas terminée.

Ajuster graduellement

«Le but n'est pas d'être un héros et de réinvestir exactement dans le creux», dit M. Rainville.

Les investisseurs devraient acheter graduellement, tout en gardant de l'argent en réserve. Si le marché redescend, il sera encore temps de racheter. À la FBN, par exemple, on suggère de maintenir 10% d'encaisse.

Un coussin d'obligations

En cette période de grande incertitude, la répartition d'actifs est plus cruciale que jamais. M. Lépine s'attend à un scénario de ralentissement, mais pas de récession aux États-Unis. Mais les risques que l'économie bascule sont élevés.

Si tel est le cas, les obligations vont sauver le portefeuille. Il ne faut pas les négliger, même si elles ont très bien fait depuis trois mois, ce qui amoindri leur potentiel futur. Un poids de 35% est approprié, selon la FBN.

Défensifs et financières

Quels secteurs privilégier? À partir du moment où l'économie américaine commence à ralentir, c'est le secteur des métaux qui baisse le plus, suivi par les secteurs de l'énergie, de la techno, et des industrielles, constate M. Delisle à la lumière des rendements historiques.

Quand la Bourse sent que l'économie reprendra sa course, elle est tirée par les sociétés financières et les entreprises de consommation discrétionnaire (vêtements, meubles, etc.).

Attention au Canada

Gare aux investisseurs dont le portefeuille est concentré au Canada.

«Si les problèmes s'aggravent, la prochaine vague de baisse se fera sur le thème de la contagion du ralentissement économique américain, au reste de la planète», prévoit M. Lépine.

Si les marchés émergents, gros consommateurs de ressources naturelles, attrapent le rhume, le Canada toussera. Tant le huard que la Bourse (à 46% en ressources naturelles) seront à risque.

Où investir à l'étranger? Sur les places boursières qui ont pâti le plus: les États-Unis et le Japon, répond M. Lépine.