La chute des prix du gaz naturel, du nickel et du maïs a fait de juillet le pire mois en 28 ans pour l'indice des produits de base CRB Reuters/Jefferies.

La chute des prix du gaz naturel, du nickel et du maïs a fait de juillet le pire mois en 28 ans pour l'indice des produits de base CRB Reuters/Jefferies.

Ainsi, l'indice CRB, qui regroupe 19 produits, a reculé de 10% depuis le 30 juin dernier, soit la pire dégringolade depuis le recul de 10,5% subi en mars 1980, époque où l'économie américaine était embourbée dans une récession. Les prix du gaz naturel ont chuté de 31% et sont ceux qui ont le plus baissé en juillet. Le maïs a baissé de 18% et le nickel, de 16%.

La remontée du dollar américain par rapport à son niveau le plus bas de tous les temps comparativement à l'euro a affecté l'attrait des matières premières à titre de véhicule de placement de rechange des actions et des obligations. Ce phénomène a joué en particulier chez les investisseurs qui avaient jeté leur dévolu sur les produits de base plus tôt cette année, ce qui avait eu pour effet de propulser les prix à des sommets records.

La demande ralentit aussi en Chine, dont l'essor économique a présenté la cadence la plus lente depuis 2005 au deuxième trimestre, indiquait Edward Morse, un analyste de Lehman Brothers Holdings, dans un rapport daté du 23 juillet.

«C'est un des tests les plus importants dans le cycle actuel parce que le contexte économique laisse tant à désirer», soutient Sean Corrigan, qui participe à la gestion d'actifs de 8,5 milliards $ US chez Diapason Commodities Management, à Lausanne, en Suisse. «Nombre de négociateurs n'aiment pas le fait qu'ils ont raté le bateau, alors beaucoup se réjouissent lorsque survient une forte correction», ajoute-t-il.

Les prix des produits de base sont susceptibles de «subir une très forte correction», estime pour sa part Dennis Gartman, un économiste de Gartman Letter, de Suffolk, en Virginie. Ce dernier soutenait en juin dernier que les prix de l'or et d'autres produits de base pourraient chuter: «Étant donné que le dollar (américain) n'est pas disposé à atteindre une nouvelle valeur plancher et que la demande diminue, il ne faudrait pas se surprendre de voir ces marchés reculer encore plus.»

Des coûts de l'énergie plus élevés, un accès réduit au crédit et la détérioration continue du marché immobilier aux États-Unis ont fait vaciller l'économie américaine et créé «des risques considérables de baisse en ce qui concerne la croissance», soulignait le 16 juillet dernier Ben S. Bernanke, le président de la Réserve fédérale américaine, lors d'un témoignage devant le Congrès américain.

La devise américaine s'est redressée de 2,8% par rapport à son cours le plus bas, soit 1,6038 $ US à l'euro le 15 juillet, et elle pourrait atteindre 1,50 $ US à l'euro d'ici la fin de l'année, selon la médiane de 36 prévisions recueillies par Bloomberg.