Triste anniversaire aujourd'hui pour 252 travailleurs du Journal de Québec, en lock-out depuis un an. Le plus long conflit à affecter un quotidien francophone canadien est dans l'impasse.

Triste anniversaire aujourd'hui pour 252 travailleurs du Journal de Québec, en lock-out depuis un an. Le plus long conflit à affecter un quotidien francophone canadien est dans l'impasse.

Les employés des trois syndicats touchés s'accrochent à l'espoir d'une fin heureuse, mais surtout à leur petit journal gratuit distribué à 40 000 exemplaires.

La chasse aux briseurs de grève est ouverte. La direction garde le silence. Autopsie d'un cul-de-sac.

«Il n'y a aucune lumière au bout du tunnel. Quebecor fait le mort depuis janvier. C'est l'impasse!»

Dans les bureaux du Syndicat canadien de la fonction publique, à Québec, le porte-parole des travailleurs à la rue, Denis Bolduc, dresse un sombre bilan de l'an un du lock-out.

Une année qui se termine en queue de poisson pour les 252 employés de la rédaction, de bureau et de l'imprimerie. «On a offert un processus d'arbitrage, mais la position de Quebecor est tellement irrationnelle», souligne M. Bolduc.

Aucune reprise des pourparlers entre les parties n'est envisagée pour le moment par le conciliateur nommé par le ministère du Travail.

Mais qu'en est-il exactement des enjeux de ce conflit de travail? «C'est complexe, on les cherche encore après un an. Le Journal de Québec a enregistré des profits de 25 millions de dollars l'an dernier, qu'est-ce qu'ils veulent de plus?» réplique M. Bolduc, pour qui les demandes patronales se traduiraient par des dizaines de suppressions de postes.

L'un des principaux points en litige est le travail multiplateforme. Selon le syndicat, l'employeur voudrait forcer les journalistes à alimenter autant le journal que le portail internet (Canoë), en plus des blogues et reportages vidéo.

Le hic, c'est que l'employeur veut carte blanche.

«L'employeur veut l'autoroute à 10 voies, à double sens, sans balise», résume M. Bolduc. Concrètement, une entrevue avec Véronique Cloutier dans le magazine Sept jours pourrait donc se retrouver dans les pages du Journal de Québec, explique le chef syndical.

Autre noeud du problème: les horaires. L'employeur voudrait ramener sans compensation la semaine de travail de la rédaction à 37 heures en cinq jours au lieu des 32 heures en quatre jours actuels.

Les signaux

Pour les syndiqués, il est évident que le lock-out a été soigneusement planifié. «On l'avait vu venir avec l'embauche de 14 cadres et l'installation d'un dispositif de sécurité autour du Journal de Québec», souligne Denis Bolduc.

Au Journal de Québec, rue Béchard, personne n'a voulu répliquer aux attaques syndicales.

L'avis de lock-out est toujours placardé sur la porte. Quelques secondes dans le stationnement suffisent pour que l'on voie débarquer un agent de la sécurité au volant d'une fourgonnette. «Vous venez pour une annonce?» demande-t-il.