La Réserve fédérale (Fed) devrait franchir cette semaine une étape de plus dans son cycle d'assouplissement monétaire alors que l'économie américaine traverse la phase la plus dure d'une récession annoncée comme la plus dévastatrice depuis la crise des années 1930.

La Réserve fédérale (Fed) devrait franchir cette semaine une étape de plus dans son cycle d'assouplissement monétaire alors que l'économie américaine traverse la phase la plus dure d'une récession annoncée comme la plus dévastatrice depuis la crise des années 1930.

Le Comité de politique monétaire (FOMC) de la banque centrale des Etats-Unis doit se réunir lundi et mardi. S'il semble acquis que la Fed décidera à cette occasion de baisser une nouvelle fois son taux, les avis divergent sur l'ampleur de la baisse, et la Fed pourrait surprendre en annonçant de nouvelles mesures de politique monétaire «non conventionnelles».

La réunion doit commencer lundi à 14h et le communiqué final est attendu pour 14h15 mardi.

La Fed a baissé son taux directeur neuf fois depuis l'éclatement de la crise des crédits immobiliers à risque américains, à l'été 2007, et celui-ci est fixé à 1,0% --un niveau historiquement bas-- depuis sa dernière réunion de la fin octobre.

Depuis cette date, l'économie américaine s'est fortement dégradée.

Un grand nombre d'économistes semblent privilégier le scénario d'une baisse de 0,50 point du taux directeur de la Fed.

Mais à en croire le marché des contrats à terme, les «traders» parient majoritairement sur une baisse de 0,75 point, qui ramènerait le taux directeur à 0,25%.

Le taux directeur de la Fed est en fait un objectif sur le taux du marché interbancaire au jour le jour. La banque centrale intervient chaque jour sur ce marché dit des fonds fédéraux («fed funds») pour tenter de l'équilibrer autour de son objectif.

Depuis l'intensification de la crise financière en septembre, le taux des «fed funds» a tendance à être bien inférieur à ce que voudrait la Fed. Depuis le 1er décembre, il a varié entre 0,12% et 0,52%.

Une baisse de taux de 0,75 point aurait au moins l'avantage d'harmoniser la politique de la Fed avec la réalité de sa pratique, à défaut d'être vraiment utile.

Nombre d'économistes jugent en effet qu'avec des taux d'intérêts réels (une fois déduit l'impact de l'inflation) déjà négatifs, une baisse de la Fed ne servira pas à grand chose... si ce n'est à rassurer.

La banque centrale «devrait baisser ses taux une fois de plus mardi [...] bien que cela n'aura pratiquement aucun effet», estime ainsi l'économiste indépendant Joel Naroff.

Le président de la Fed lui même, Ben Bernanke, a jugé au début du mois qu'une nouvelle baisse du taux directeur de la Fed, certes «possible», aurait un effet «évidemment limité».

Estimant que l'effort considérable fourni par la Fed et le département du Trésor américain pour stabiliser le système financier n'avait pas encore atteint son but, M. Bernanke avait indiqué que son institution risquait de devoir innover encore.

Il avait notamment mentionné le fait que la Fed pourrait intervenir sur le marché pour «acheter en quantité importante» des bons du Trésor à long terme afin d'agir sur la courbe des taux. Car si les taux à court terme frôlent zéro, les taux à long terme restent encore très élevés.

Plusieurs analystes estiment par ailleurs qu'une fois son taux directeur à zéro ou proche de zéro, la Fed pourrait s'assigner un nouvel objectif sur un autre taux d'intérêt à court terme.

S'il pronostique une baisse de 0,50 point, Ed McKelvey, économiste de Goldman Sachs, n'exclut pas d'autres possibilités, comme celle d'un maintien du taux à son niveau actuel («si les baisses de taux ne font rien, pourquoi s'encombrer et donner ce qu'il faudra finalement reprendre?») ou carrément un abaissement du taux à zéro («finissons-en et ramenons l'objectif à la réalité»).

«Le point qui unit ces deux extrêmes est que les choix porteurs de solutions véritablement efficaces semblent désormais résider ailleurs que dans la gestion du taux d'intérêt des fonds fédéraux», note M. McKelvey.