Un certain optimisme paraît encore de mise pour l'économie du Québec, malgré l'avalanche d'indices qui montrent que l'économie mondiale, y compris la canadienne, est entrée en récession.

Un certain optimisme paraît encore de mise pour l'économie du Québec, malgré l'avalanche d'indices qui montrent que l'économie mondiale, y compris la canadienne, est entrée en récession.

Si l'économie québécoise devait connaître une contraction pour le deuxième trimestre d'affilée cet hiver, c'est en raison du recul de ses exportations. «Il s'agit du maillon faible qui distingue le cycle actuel et qui entraînera cette fois-ci une légère récession», écrit Hélène Bégin, économiste principale chez Desjardins dans un Point de vue économique publié hier.

À la différence des importantes récessions du début des années 1980 et 1990 cependant, l'ensemble des ménages sera sans doute peu touché.

Le marché du travail résiste

L'économiste fait valoir la résistance du marché du travail jusqu'ici. En novembre, le taux de chômage s'élevait à 7,1%, soit bien loin des 15,8% d'août 1982 et des 14,2% de novembre 1991.

La consommation, qui représente environ 60% de la taille de l'économie, profitera cette année encore de baisses d'impôts fédérales et provinciales d'environ 2 milliards.

Ce qui distingue par-dessus tout la période actuelle des deux dernières importantes récessions, c'est la faiblesse des taux d'intérêt qui pourraient de surcroît diminuer encore.

Enfin, le programme des infrastructures de Québec, les investissements d'Hydro-Québec et le niveau encore assez élevé des mises en chantier restent les meilleurs garants d'une croissance de la demande intérieure.

Du côté des risques, insiste toutefois Mme Bégin, il y a l'effondrement des marchés boursiers et de la confiance des ménages.

Il y a par-dessus tout la profondeur de la récession américaine en train d'entraîner l'économie mondiale dans son sillage.

C'est en tout cas l'avis de Beta Caranci, chef des prévisions économiques chez Banque TD Groupe financier, qui vient de réviser son scénario trimestriel.

L'économie mondiale devrait croître de seulement 0,5% en 2009, prédit-elle. Toute expansion inférieure à 3,0% est synonyme de récession mondiale. «Il s'agit d'un rare exemple dans l'Histoire où nous serons témoins d'un recul global synchronisé», précise-t-elle.

Comme pour lui donner raison, la Chine indiquait hier un recul de 2,2% de ses exportations en rythme annuel le mois dernier alors que les attentes étaient plutôt d'un bond de 14,8%. «Il existe une possibilité réelle que la croissance chinoise soit inférieure l'an prochain à 7% pour la première fois depuis le début des années 1990», prévient Stéfane Marion, économiste en chef à la Financière Banque Nationale.

Mme Caranci souligne que la crise du crédit n'épargne plus les pays émergents tandis que les économies avancées ne commenceront à voir la lumière au bout du tunnel qu'à partir de l'été.

Ce qui aidera, c'est l'ensemble des stimuli des banques centrales et des gouvernements qui totaliseront quelque 10 000 milliards US, soit l'équivalent de 15% du produit intérieur brut (PIB) mondial.

Les perspectives à court terme de l'économie américaine restent sombres malgré les programmes de relance. «À un moment donné, le rééquilibrage des finances publiques reviendra sur les épaules des contribuables au moyen d'une combinaison de hausses des impôts, des taux d'intérêt plus élevés et de réductions des dépenses, prévient-elle. Mais ce ne sera pas à court terme.»

Les perspectives canadiennes sont plus sombres avec l'effondrement du prix des matières premières et la détérioration des termes de l'échange. Le rapport entre les prix des biens qu'on exporte et ceux qu'on importe avait créé un effet de richesse de 2002 jusqu'à l'été. Il s'évanouit depuis, ce qui freinera la consommation.

Mesurée en dollars courants, la taille de l'économie devrait reculer de 3,2% l'an prochain, ce qui effacera 51 milliards au revenu intérieur que se partagent ménages, entreprises et gouvernements.