Tchernobyl, Bhopal, Exon Valdez. Ces noms évoquent les pires catastrophes écologiques de l'histoire.

Tchernobyl, Bhopal, Exon Valdez. Ces noms évoquent les pires catastrophes écologiques de l'histoire.

Mais elles ont au moins permis d'alerter l'opinion publique sur les dangers potentiels de l'activité industrielle sur la planète ou la santé humaine.

«L'environnement est devenu une préoccupation sociale importante et les lois suivent généralement ces préoccupations, constate André Vachon, vice-président environnement chez Roche Groupe-conseil. Les normes sont devenues plus sévères.»

Les entreprises en sont bien conscientes et leur comportement s'est amélioré au fil du temps, croit M. Vachon. D'autant plus que le bilan environnemental des entreprises est maintenant scruté à la loupe par des citoyens conscientisés, mieux organisés et capables de lancer des mouvements de boycottage à l'échelle internationale.

«Aujourd'hui, les entreprises ne veulent pas se retrouver sur la sellette à cause d'un problème environnemental ou se faire poursuivre, ajoute-t-il. Si on entend dire qu'une compagnie est responsable d'un dégât environnemental, la valeur de ses actions chute de façon importante.»

Et ce n'est pas tout. En 1992, les dirigeants de Bata Industries, un fabricant de chaussures, étaient condamnés à titre personnel pour un déversement toxique dans une de leurs usines en Ontario.

Une première qui a fait école.

«Cette cause a donné un élan à la question environnementale et les entreprises ont été forcées de la prendre au sérieux», explique l'avocate Anne-Marie Sheahan, qui dirige le groupe national du droit de l'environnement au cabinet McCarthy Tétrault.

En plus de faire réfléchir les administrateurs, le jugement Bata a posé les bases de ce que devrait être un système de gestion environnementale.

Dans ses commentaires, le juge soulignait que les entreprises devraient mettre l'environnement à l'ordre du jour des réunions du conseil d'administration.

Elles devraient aussi, entre autres, implanter un système de supervision et de vérifications régulières, former leurs employés et mieux connaître les normes pratiquées dans l'industrie.

Aujourd'hui, la plupart des entreprises se dotent d'un tel système de gestion. Celui-ci peut être reconnu par une certification comme ISO 14001, ce qui lui apporte davantage de crédibilité.

En plus de réduire les risques, l'implantation d'un système de gestion environnementale donne un avantage compétitif aux entreprises qui l'adoptent.

Souvent, leurs clients importants incluent des exigences environnementales dans leurs contrats. Fournisseurs et sous-traitants doivent démontrer qu'elles respectent les normes pour obtenir ces contrats.

Mais il est toujours bien vu d'aller au-delà des normes.

«Bien des entreprises publient maintenant un rapport annuel pour montrer leurs réalisations pour l'environnement, dit Me Anne-Marie Sheahan. Ça montre bien qu'il y a des avantages financiers à être vert, quelle que soit la motivation profonde.»

En cas d'infraction ou d'accident, le fait d'avoir implanté un système de gestion environnementale facilite aussi la défense en démontrant que l'entreprise avait fait tout ce qui était possible pour éviter cet événement.

C'est ce qu'on qualifie de «diligence raisonnable» dans le jargon juridique.