Si Patrick Huard était une vedette hollywoodienne, il gagnerait de très gros cachets, il empocherait de généreuses ristournes sur les recettes de ses films au box-office.

Si Patrick Huard était une vedette hollywoodienne, il gagnerait de très gros cachets, il empocherait de généreuses ristournes sur les recettes de ses films au box-office.

Et il bénéficierait d'un traitement royal partout où il accepterait de faire acte de présence: voyage en classe affaires, déplacement en limousine avec chauffeur, les grandes suites, bref tout le tralala digne du rang de la grande star.

Mais Patrick Huard fait face à un problème de taille. Son statut de vedette québécoise il le doit avant tout à un star système grandement subventionné par l'État.

Cela vaut pour toutes nos stars québécoises du cinéma et de la télévision. Sans l'apport financier des gouvernements de Québec et d'Ottawa, la quasi-totalité des films québécois n'auraient pu voir le jour.

Bien entendu, il y a une contrepartie à l'utilisation des fonds publics: non seulement les dépenses sont-elles sous haute surveillance, mais en plus elles sont assujetties à des limites. Comme c'est le cas pour la fonction publique et parapublique et ses fonctionnaires.

Voyage en classe économique

Si cela peut rassurer les fans de Patrick Huard, les 15 invités de la délégation québécoise qui ont participé, aux frais de la SODEC, à la Semaine du cinéma du Québec à Paris ont tous fait le voyage en classe économique.

Et pour leur séjour à Paris, tous les participants (acteurs, réalisateurs, producteurs) se sont contentés de l'allocation quotidienne de 125 euros offert par la SODEC, pour une durée maximale de quatre jours.

Selon Christian Verbert, commissaire de la SODEC en Europe, les invitations de la SODEC doivent respecter des normes financières très précises, et ce sont les mêmes pour tout le monde.

Conséquemment, la SODEC ne pouvait donc pas acquiescer à la demande de Patrick Huard, le réalisateur du film Les 3 p'tits cochons. Huard demandait notamment de voyager en classe affaires, et ce accompagné de son agent.

Patrick Huard a également profité de sa récente sortie dans les médias pour dénoncer le système de rétribution du cinéma québécois, lequel système ne permet pas aux artisans (comédiens, scénaristes, réalisateurs) de profiter du succès financier d'un film et de la vente de DVD qui s'ensuit.

L'immense succès de Bon Cop Bad Cop, tant en salle (plus de 10 millions avant taxes) qu'en vente de DVD (182 954 copies en circulation), ne lui a rien rapporté de plus que ces cachets de scénariste et d'acteur. Il trouve cela injuste!

Question: dans quelles poches les artisans du film québécois pourraient-ils aller puiser des revenus supplémentaires?

Il serait pour le moins gênant de demander aux gouvernements de Québec et d'Ottawa d'allonger des millions additionnels pour améliorer le sort des artisans de notre star système!

Il faut peut-être regarder du côté des entreprises qui bénéficient directement des recettes de notre cinéma.

À partir des recettes totales (box-office, DVD, télévision) d'un éventail de films québécois à succès, les distributeurs accapareraient autour de 54% des recettes brutes, les propriétaires de salles de cinéma 36%, les producteurs 5%.

Il reste un maigre 5% pour les deux principaux bailleurs de fonds, la SODEC et Téléfilm.

Percer les marchés étrangers

La solution idéale? Réussir le tour de force de percer les marchés étrangers, et par le fait même produire plus de films en coproduction, permettrait d'aller chercher des revenus additionnels.

C'est d'ailleurs là l'un des objectifs que poursuit la SODEC avec l'organisation annuelle de la Semaine du cinéma du Québec à Paris qu'a boudée Patrick Huard.

Il y a plein d'autres événements internationaux où la SODEC et Téléfilm Canada convient à leurs frais des artisans de notre industrie du cinéma dans le but de percer les marchés étrangers. Et ça paye.

Téléfilm Canada a évalué que chaque dollar dépensé par l'organisme dans les marchés internationaux a produit plus de 100$ de ventes pour les entreprises canadiennes.

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