Les États-Unis et la zone euro sont entrés dans leur pire récession en près de trente ans. La décroissance de leurs économies qui a commencé durant l'été va se prolonger jusqu'à l'été prochain au moins.

Les États-Unis et la zone euro sont entrés dans leur pire récession en près de trente ans. La décroissance de leurs économies qui a commencé durant l'été va se prolonger jusqu'à l'été prochain au moins.

L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) prévoit que le ralentissement économique de l'ensemble de ses 30 pays membres se transformera en décroissance l'an prochain.

L'organisme basé à Paris prévoit que la récession mordra en particulier les États-Unis, le Japon, l'Espagne, la Hongrie, l'Irlande, l'Islande, le Luxembourg, le Royaume-Uni et la Turquie. «Ces économies sont très durement touchées par la crise financière, qui a dans certains cas révélé d'autres faiblesses ou par une forte baisse dans l'immobilier», lit-on dans ses nouvelles Perspectives économiques.

Pessimiste, son nouveau scénario demeure sujet à ce que de graves risques à la baisse ne se matérialisent pas.

«Je tiens à souligner d'emblée l'extrême incertitude qui entoure ces Perspectives économiques de l'OCDE, surtout en ce qui concerne les hypothèse sur le rythme auquel la crise des marchés des capitaux, responsable au premier chef du ralentissement économique, pourra être surmontée», écrit en éditorial Klaus Schmidt-Hebbel, économiste en chef de l'OCDE.

L'origine de cette détérioration, se trouve la crise financière américaine qui a contaminé le secteur non bancaire dans le reste du monde. «Après la faillite de Lehman Brothers à la mi-septembre, une perte générale de confiance dans les relations entre les institutions financières a déclenché des réactions proches du black-out sur les marchés mondiaux des capitaux», affirme M. Schmidt-Hebbel.

À ses yeux l'action rapide des banquiers centraux et des pouvoirs publics est parvenue à contenir la panique. Le désendettement des institutions financières exigera cependant du temps, nuira à l'activité de crédit et ralentira la vigueur de la reprise en deuxième moitié de 2009.

L'ensemble des 30 pays membres de l'OCDE est entré en récession cet automne, mais la décroissance était déjà amorcée l'été dernier aux États-Unis et dans la zone euro.

Comme pour apporter une confirmation à ce scénario, le PIB américain du troisième trimestre a été révisé à la baisse hier. De -0,3%, la décroissance était plutôt de -0,5% entre juillet et septembre. La consommation des ménages, qui avait pourtant été stimulé par des rabais d'impôt, a été plus faible que le laissaient croire les premières estimations.

«L'économie des États-Unis traverse une passe extrêmement difficile, juge l'OCDE. La crise financière s'est aggravée alors que la croissance avait déjà été affaiblie par le repli prolongé de l'activité dans le secteur du logement.»

Les effets de richesse négatifs qui en découlent ralentiront la reprise.

L'organisme exhorte aussi les États-Unis à procéder à la "refonte complète de la régulation et de la surveillance financière". Ce processus devrait être enclenché rapidement afin de rétablir la confiance des investisseurs.

Pour l'an prochain, l'économie américaine reculera de 0,9%.

En zone euro, le recul du PIB atteindra 0,6%. La banque centrale devra poursuivre sa détente monétaire amorcée dernièrement. L'OCDE souhaite enfin «la mise en oeuvre de mesures propres à renforcer la réglementation et le contrôle des marchés financiers».

Dans l'ensemble des économies, les pouvoirs publics devront chercher à stimuler la demande en lançant des programmes d'infrastructures ou en réduisant les impôts. L'organisme s'oppose au sauvetage d'entreprises, sauf celles du secteur financier dont la faillite pourrait avoir des effets négatifs systémiques, comme ce fut le cas avec l'effondrement de Lehman Brothers.

Les mesures de relance devront être retirées sitôt la reprise enclenchée afin d'éviter l'apparition de nouvelles inflationnistes.

L'OCDE est un centre d'études économiques qui regroupe 30 pays, dont le Canada, qui pratiquent l'économie de marché. Ensemble, ils représentaient 76% du PIB mondial en 2007.