Groupe Soucy, c'est un des succès industriels les mieux gardés du Québec. Dans une de ses usines en bordure de l'autoroute 20, on a dû faire preuve d'imagination pour contrer la concurrence chinoise.

Groupe Soucy, c'est un des succès industriels les mieux gardés du Québec. Dans une de ses usines en bordure de l'autoroute 20, on a dû faire preuve d'imagination pour contrer la concurrence chinoise.

Les 1200 employés de Soucy -dont 900 à Drummondville - produisent des parebrises pour les Polaris, des porte-bagages pour Bombardier Produits récréatifs, des chenilles pour Caterpillar ou des forces militaires étrangères et d'autres pour installer sur les tracteurs de ferme.

Ici, pendant le tour guidé que nous offre André Todd, vice-président à l'exploitation, division métal et thermoformage, on se lasse de compter les nouvelles machines tellement elles sont nombreuses: un tour à pièces ici, une presse là... même du personnel administratif responsable des commandes est descendu de ses bureaux et travaille maintenant dans un îlot fermé au milieu de l'usine.

En plus de l'environnement physique, les méthodes de travail ont aussi changé. «On a créé des cellules de travail, explique M. Todd. Avant, un pressier pouvait faire la même opération pendant huit heures. Maintenant, il travaille à la presse, mais il peut aussi faire autre chose.»

Le déclic s'est produit en 2003, explique le directeur général du groupe, Éric Ellyson, après la perte d'un important contrat aux mains de manufacturiers chinois. Le Groupe Soucy décide alors d'envoyer la fabrication des pièces de masse peu complexes en Chine. «Aujourd'hui, on a des contrats à Drummondville qu'on n'aurait pas si on ne s'approvisionnait pas en Chine pour certaines des composantes», explique le patron.

Pour ceux qui doutent de la complexité des pièces produites chez Soucy, sachez qu'ils ont mis 15 ans à développer une chenille en caoutchouc aujourd'hui installée sur de vieux chars d'assaut.

En ce qui concerne les emplois, Drummondville n'a rien perdu avec la Chine. Mais n'a rien gagné non plus. «La Chine a freiné notre croissance en nombre d'emplois, poursuit M. Ellyson. Mais on a pris de la croissance en terme de chiffres d'affaires parce qu'on a eu d'autres contrats.»

La remise en question des méthodes du Groupe Soucy a eu des effets jusque dans le Dixième rang de Notre-Dame-du-Bon-Conseil, à une vingtaine de minutes. C'est là que se trouve Sixpro, qui peint des produits industriels et qui avait Soucy comme principal client.

Pour réduire des trois quarts son temps de production et pouvoir s'adapter rapidement quand arrivent de nouvelles commandes, Soucy a décidé de s'offrir son propre atelier de peinture. «Ça fait deux ans qu'on fait du surplace, explique le président de Sixpro, Richard Bourdeau, qui emploie 175 personnes. Tout ce qu'on a fait, c'est réussir à ne pas creuser de trou.»

Il faut dire que la décision de Soucy n'est pas arrivée seule: Bombardier Produits récréatifs, de Valcourt, pas très loin, a aussi «shippé tout ce qui est VTT au Mexique. Puis les Sea-Doo, ça descend», explique M. Bourdeau.

En fait, beaucoup de ses clients (comme Kenworth) sont dans le secteur du transport, «souvent les premiers affectés» en période de ralentissement économique. Et comme les clients sont moins nombreux, ils font pression pour réduire les tarifs. «Ça va de 5% à 35%», dit-il.

Lui aussi essaie donc de revoir l'offre qu'il leur a faite. Un exemple: puisque ses employés manipulent déjà les pièces des clients en les peignant, peut-être qu'ils pourraient en profiter pour faire de l'emballage...

Il garde donc en tête son plan de croissance 15% pour 2009. «Quand tu perds quelque chose, c'est là que tu te donnes un coup de pied. La nécessité est la mère de toutes les inventions.»