La banque d'affaires américaine Merrill Lynch (MER) a annoncé lundi un appel géant au marché qui va massivement diluer ses actionnaires existants, mais est jugé nécessaire pour nettoyer son bilan des actifs financiers toxiques accumulés au plus fort de la vague du «subprime».

La banque d'affaires américaine Merrill Lynch [[|ticker sym='MER'|]] a annoncé lundi un appel géant au marché qui va massivement diluer ses actionnaires existants, mais est jugé nécessaire pour nettoyer son bilan des actifs financiers toxiques accumulés au plus fort de la vague du «subprime».

La firme à l'enseigne du taureau, qui a déjà levé 15,3 G$ depuis l'automne, va procéder à une nouvelle augmentation de capital de 8,5 G$, selon un communiqué publié par l'établissement.

Si la réponse du marché devait être positive, la banque d'affaires s'accorde le droit d'augmenter le volume de l'opération de 1,3 G$ supplémentaires. Une telle émission de 9,8 G$ représenterait 40% de la capitalisation boursière actuelle du groupe (24 G$).

Le fonds souverain singapourien Temasek va souscrire à l'opération à hauteur de 3,4 G$, a précisé le groupe dans son communiqué.

Sa présence dans l'opération montre à quel point Merrill Lynch est pris à la gorge. Lors de son premier appel au marché, en décembre, le fonds avait déjà souscrit massivement, pour 5 G$.

L'opération comportait une clause inhabituelle: si la banque devait faire un nouvel appel au marché dans un délai d'un an, à un prix inférieur à celui payé par Temasek (48 $), Merrill Lynch s'engageait à rembourser la différence. Or le titre s'échangeait lundi soir à la moitié de ce prix (24 $).

Conclusion: Merrill Lynch va devoir payer 2,5 G$ à Temasek... qui va gracieusement les réinvestir dans la banque.

Temasek était déjà le plus grand actionnaire de Merrill Lynch. Sa participation aux précédentes augmentations de capital avait été soigneusement calibrée pour éviter qu'il ne franchisse le seuil des 10% du capital, susceptible de déclencher des enquêtes des autorités américaines.

Merrill Lynch n'a pas précisé quel serait le niveau futur de la participation de Temasek, mais il a reconnu qu'une «portion» de ses parts allait devoir recevoir l'approbation des pouvoirs publics.

Pour marquer sa confiance dans l'avenir du groupe, la direction va acheter 750 000 actions nouvelles émises lors de l'opération.

Le produit de l'augmentation de capital va permettre à Merrill Lynch de passer pour 5,7 G$ de dépréciations supplémentaires dans ses comptes du troisième trimestre. La banque avait déjà du nettoyer son bilan à hauteur de 9,4 G$ au deuxième trimestre.

Merrill Lynch a annoncé à cette occasion qu'il avait réussi à réduire à hauteur de 11,1 G$ son exposition aux titres de dette adossés à des emprunts immobiliers, de type ABS CDO, qui sont considérés comme les plus toxiques qui soient par les milieux de la finance.

Pour preuve, Merrill Lynch a reconnu avoir fait 4,4 milliards de moins-values lors de la cession de ces titres.

Outre le produit de l'augmentation de capital, Merrill Lynch peut compter sur les sommes recueillies lors de la vente de ses parts dans l'agence d'information financière Bloomberg, annoncée il y dix jours, pour 4,4 G$. La banque espère aussi pouvoir prochainement vendre une «participation de contrôle» dans sa filiale Financial Data Service (FDS).

Mais l'ampleur des nouvelles dépréciations annoncées pour le troisième trimestre fait qu'il lui sera difficile d'éviter d'être une nouvelle fois «dans le rouge». La banque a déjà enregistré quatre trimestres d'affilée de pertes: -2,2 G$ au 3e trimestre 2007, -9,8 G$ au 4e trimestre 2007, -2,1 G$ au 1er trimestre 2008 et -4,9 G$ au 2e trimestre 2008.