«Ce sont de bonnes de nouvelles qui nous viennent de la Chine.»

«Ce sont de bonnes de nouvelles qui nous viennent de la Chine.»

Sarah Goodman a beau être à la minière Teck depuis seulement neuf semaines, elle a vite saisi l'ampleur de l'annonce faite dimanche par le gouvernement chinois. Pékin veut dépenser quelque 700 milliards de dollars canadiens en deux ans dans ses infrastructures, pour relancer une croissance chancelante.

«Peu importe ce que la Chine construit, que ce soit des voies ferrées, des aéroports ou des gratte-ciel, tout ça nécessite des métaux et des minéraux et c'est une bonne nouvelle pour Teck», explique la directrice des affaires corporatives de l'entreprise de Vancouver.

Le géant Xstrata, très présent au Québec avec sa mine de ni-ckel Raglan dans l'extrême Nord québécois, de même que des installations à Rouyn, Montréal-Est et Valleyfield, emploie 3000 personnes dans la province.

De Londres, la porte-parole Claire Divver explique que ses ventes directes du géant à la Chine ne sont pas énormes. «Les ventes directes, ce n'est pas tant ce qui importe», explique-t-elle, ajoutant que de toute façon, toute demande accrue, d'où qu'elle provienne, provoque une hausse des prix.

Des prix des produits de base qui ont bien besoin d'un petit remontant, eux qui ont encore reculé de 20% le mois dernier. «Cette performance est la pire pour le marché des matières premières depuis que les indices sont calculés», écrivaient hier les économistes François Dupuis et Mathieu D'Anjou de Desjardins. Ils prévoient une remontée des prix à partir de la mi-2009.

Chez Teck, par contre, on espère que l'annonce aura un impact à court terme. «Une annonce comme ça devrait amener de la stabilité et augmenter la demande pour les métaux», explique Mme Goodman.

Toronto en profite

C'est aussi ce sentiment qui semblait animer les investisseurs torontois. Les secteurs des matériaux (+3,5%) et des ressources (+2,3%) ont permis au S&P/TSX de garder la tête hors de l'eau, finissant la journée avec un gain de près de 1% à 9688,80 points.

Du côté de New York, c'était plutôt du rouge: -0,8% pour le Dow Jones et -1,9% au NASDAQ. Les nouvelles entourant les résultats futurs de Goldman Sachs et Google - que le marché estime mauvais - ont éclipsé l'annonce de Pékin.

Si on devait classer le stratège de Scotia, Vincent Delisle, il était davantage du côté de New York que de Toronto hier. Pour lui, l'investissement chinois, si gros soit-il, servira à «minimiser les dégâts». «Le party ne repart pas, dit-il. Ce qu'on a vu ce matin (hier) de la Chine, c'est qu'on veut tout mettre en oeuvre pour éviter que 2010 ressemble à 2009.»

Car, pour lui, l'économie mondiale ira frôler sa performance pitoyable de 1982, alors que le PIB mondial n'avait augmenté que de 1,2%.

Des optimistes

Ceux qui se sont brûlé les doigts avec les ressources, mais croient quand même que le plan chinois aura pour effet d'augmenter la demande peuvent se tourner vers ceux qui les transporteront vers les ports de la côte Ouest. Entre le Canadien National et le Canadien Pacifique, David Newman, de la Financière Banque Nationale, souligne que les revenus du CN proviennent à 25% du secteur international, contre 45% pour le CP.

Chez Bombardier, qui lorgne plusieurs contrats dans le secteur du transport ferroviaire en Chine, la porte-parole Isabelle Rondeau opte pour la discrétion. «On ne commente jamais les politiques ou mesures prises par les différents gouvernements», dit-elle.

Sans donner de chiffres d'affaires précis de Bombardier en Chine, elle indique que la région Asie-Pacifique compte pour 10% des revenus de l'entreprise au 31 janvier 2008.

Vous préférez une plus grande exposition? Un exemple souvent oublié nous vient du secteur financier. Manuvie, dont les enseignes sont visibles dans les rues du Japon, de Chine et du Vietnam, tire quant à lui 20% de ses revenus de l'Asie et du Japon. Manuvie continue d'ailleurs d'augmenter sa présence en Chine.

Hier, personne de l'entreprise n'était disponible pour commenter cette injection de milliards censée relancer la croissance chinoise en augmentant la consommation interne.

Enfin, on pourrait penser que le géant de l'ingénierie québécois, SNC-Lavalin, saliverait devant une annonce de 700 milliards de projets divers. Comme la vice-présidence asiatique de SNC se trouve à Kuala Lumpur, le décalage horaire nous a empêchés d'avoir des commentaires de première main.

Toutefois, une porte-parole de SNC a indiqué que toute la région asiatique représente à peine 2% des revenus de la firme du boulevard René-Lévesque.

27%L'an dernier, la Chine a été responsable de plus du quart (27%) de la croissance économique mondiale.

+7,4%

L'indice repère de la Bourse chinoise, le CSI 300, a grimpé de 7,4% lundi dans la foulée de plan de relance annoncé par Pékin. Toutefois, la Bourse chinoise accuse toujours un recul de 63,8% depuis un an.

+7,5%

L'économie chinoise a crû de 9% au troisième trimestre, le rythme le plus lent depuis cinq ans. Mais la croissance pourrait ralentir à 7,5% durant le trimestre en cours, selon les experts.

+18,1%

Les exportations de la Chine auraient grimpé de 18,1% en octobre, selon les prévisions des économistes interrogés par l'agence Bloomberg. Ce serait la plus faible croissance depuis mars 2007.