L'Europe réclame des actions «ambitieuses», à courte échéance, pour mieux réguler le système financier mondial et éviter la répétition de crises comme celle qui secoue les marchés depuis plusieurs semaines.

L'Europe réclame des actions «ambitieuses», à courte échéance, pour mieux réguler le système financier mondial et éviter la répétition de crises comme celle qui secoue les marchés depuis plusieurs semaines.

À l'issue d'un sommet extraordinaire tenu hier à Bruxelles en présence des chefs d'État des 27 pays membres de l'Union européenne, le président en exercice de l'organisation, Nicolas Sarkozy, a déclaré qu'il y avait un consensus à ce sujet sur le continent.

Le chef d'État français a convenu, du même souffle, que les discussions avaient été «plutôt intenses» entre les participants, réunis pour élaborer une position commune en prévision du sommet du G20 prévu à Washington à la mi-novembre.

L'aveu du politicien paraît plutôt sibyllin à en juger par les sorties du premier ministre suédois, Frederik Reinfeldt, qui a accusé hier la France, en termes peu diplomatiques, de vouloir aller trop loin en matière de régulation.

«C'est peut-être moins important de montrer qu'on est tout le temps en train d'agir que de faire les choses correctement et de prendre le temps d'analyser», a indiqué le politicien. Les réserves du pays nordique sont partagées par la Grande-Bretagne et l'Allemagne, qui s'irritent de l'activisme et des propensions interventionnistes de M. Sarkozy.

L'homme politique français plaide depuis des semaines pour une révision des accords de Bretton Woods, qui ont notamment mené après la Deuxième Guerre mondiale à la création du Fonds monétaire international (FMI).

«On ne peut pas continuer à gérer l'économie du XXIe siècle avec les instruments de l'économie du XXe siècle», avait-il plaidé il y a quelques semaines à l'occasion de son passage au Québec.

Il semble que l'idée d'une refonte en profondeur des accords n'a pas été retenue hier. Les pays membres de l'UE préconisent plutôt un renforcement du mandat du FMI de manière à ce qu'il puisse jouer un rôle de «gendarme multilatéral» de la finance.

Ils souhaitent par ailleurs que les contrôles soient largement étendus, de manière à couvrir tant les paradis fiscaux que les fonds spéculatifs mis en cause dans la crise actuelle.

Sommet à la mi-février

L'Union européenne espère que des mesures concrètes pourront être adoptées à l'occasion d'un second sommet qui se tiendrait à la mi-février, ce qui présuppose un engagement rapide dans les pourparlers de l'équipe du nouveau président américain, Barack Obama.

Les élus européens de-vaient également plancher hier sur un plan de relance économique européen qui est loin de faire l'unanimité, même si le président français affirme le contraire.

La Commission européenne, qui réclame «une action concertée au niveau de l'UE» pour tirer le continent du marasme, a révélé cette semaine que la zone euro avait vu son PIB reculer de 0,1% au troisième trimestre et devrait connaître une baisse similaire au quatrième trimestre. En bref, qu'elle est en récession.

La France, qui presse aussi les pays membres de l'UE d'envisager des actions coordonnées et vigoureuses sur le plan économique, fait ironiquement figure de mauvais élève à l'échelle du continent.

Selon la Commission européenne, le taux de chômage du pays, qui était de 7,5% en 2007, soit son plus bas niveau en 25 ans, devrait croître graduellement pour atteindre 8,7% en 2010.

La dette augmentera sensiblement durant la même période, passant de 63,9% à 69,9% du PIB, ce qui contrevient aux critères économiques de convergence imposés aux pays membres.

Le déficit, appelé à atteindre 3,8% du PIB d'ici deux ans, excédera aussi le seuil permis.

Autre mauvaise nouvelle: l'explosion du déficit commercial, qui a atteint un niveau record en septembre.

Le premier ministre français, François Fillon, s'est néanmoins dit confiant hier que la France serait l'un des premiers pays européens à «redémarrer» économiquement dans la seconde moitié de 2009.