En dépit du ralentissement actuel dans l'industrie du transport aérien, une pénurie de pilotes et de mécaniciens se profile à l'horizon au Québec.

En dépit du ralentissement actuel dans l'industrie du transport aérien, une pénurie de pilotes et de mécaniciens se profile à l'horizon au Québec.

En fait, la mauvaise presse qui entoure présentement l'industrie aggrave le problème.

«À moyen terme, ça peut atténuer la pénurie, mais à long terme, ça va éloigner encore davantage les jeunes de l'industrie», a déploré hier le président-directeur général de l'Association québécoise du transport aérien (AQTA), John McKenna, en rendant publique une étude sur la main-d'oeuvre dans le transport aérien réalisée par la firme Aon Conseil.

Plus de 18 500 personnes travaillent dans l'industrie du transport aérien au Québec. Il s'agit de pilotes, bien entendu, mais aussi de mécaniciens, de techniciens et de contrôleurs aériens. À l'heure actuelle, le tiers de ces travailleurs sont âgés de 45 ans et plus. Il faut donc s'attendre à une importante vague de retraites au cours des 15 prochaines années. La situation est particulièrement sérieuse pour les pilotes et les mécaniciens.

«Au Québec, on ne forme que 150 pilotes professionnels d'avion et d'hélicoptère par année, a affirmé M. McKenna. C'est nettement insuffisant pour répondre à la demande. En outre, il y a parmi eux de nombreux étudiants étrangers qui retournent chez eux après leur formation.»

Dures conditions

Plusieurs facteurs expliquent le peu de popularité de la profession de pilotes, notamment le coût de la formation: on parle de 45 000$ pour les pilotes d'avion et 65 000$ pour les pilotes d'hélicoptère.

Mais il y a aussi la question des conditions de travail, particulièrement difficiles pour les jeunes pilotes qui doivent accumuler des heures de vol pour accéder aux emplois les plus convoités. Ils se retrouvent invariablement avec les horaires les moins attrayants, ils doivent être disponibles sept jours sur sept, 24 heures sur 24.

«C'est glamour, porter un uniforme, mais après six mois, beaucoup lâchent à cause des conditions de travail», a dit Guy Bissonnette, du syndicat des Teamsters.

La traversée du désert peut être particulièrement longue. Le jeune pilote termine sa formation avec 200 heures de vol. Il lui faudra accumuler 1300 heures de plus pour obtenir une licence de pilote de ligne.

Les mauvaises nouvelles que rapportent les médias ne font rien pour encourager les jeunes.

«Avec la fermeture de Zoom Airlines, les jeunes ont l'impression qu'il n'y a plus d'avenir dans cette industrie-là, a déploré Pierre Gaumond, de l'Association canadienne du contrôle du trafic aérien. Mais à Nav Canada, on engage à pleines portes.»

La visibilité de l'industrie de la construction aérospatiale, avec les Bombardier, Pratt&Whitney Canada, Bell Helicopter et CAE, fait également de l'ombre à l'industrie du transport aérien, qui a de la difficulté à se distinguer.

L'AQTA et les autres intervenants ont voulu attirer l'attention sur cette situation, mais ils n'ont pas présenté de solution miracle.

«Nous travaillons à des solutions, a déclaré M. McKenna. Ça va prendre quelques mois.»