Coup de théâtre pour le projet d'achat de 1,3 milliard de dollars de la Bourse de Montréal (T.MXX) par le Groupe TSX (T.X), qui gère la Bourse de Toronto.

Coup de théâtre pour le projet d'achat de 1,3 milliard de dollars de la Bourse de Montréal [[|ticker sym='T.MXX'|]] par le Groupe TSX [[|ticker sym='T.X'|]], qui gère la Bourse de Toronto.

Moins d'un mois après cette entente, alors que des étapes cruciales restent à franchir, le chef de la direction de TSX, Richard Nesbitt, annonce son départ pour prendre la direction de la division boursière de la Banque CIBC, très amochée par la crise du crédit.

M. Nesbitt effectuera ce transfert de poste dans presque deux mois, le 27 février. Mais déjà, son annonce-surprise a déclenché les spéculations à propos de son successeur qui serait appelé à diriger la future entreprise boursière fusionnée: Groupe TMX.

Et au centre des spéculations, Luc Bertrand, président de la Bourse de Montréal.

Selon l'entente récente avec TSX, qu'il a négociée pendant des semaines avec M. Nesbitt, Luc Bertrand deviendrait numéro deux de la gestion de la future TMX, à titre de chef adjoint de la direction.

Mais le départ soudain de M. Nesbitt pourrait lui ouvrir la voie comme nouveau chef de la direction de TSX afin de mener à terme l'achat de la Bourse de Montréal (MX), selon des analystes qui surveillent les deux entreprises boursières.

«Ça aurait du sens au point de vue de la stratégie d'affaires et du contexte politique entourant cette transaction que TSX embauche M. Bertrand comme chef de la direction», selon John Aiken, analyste chez Valeurs mobilières Dundee.

Cette opinion est partagée par Thomas Caldwell, président d'un groupe financier torontois qui gère des dizaines de millions investis en actions de sociétés boursières dont TSX, MX et même la Bourse de New York (NYSE).

«Le départ prochain de Richard Nesbitt de TSX pourrait fort bien ouvrir la voie à Luc Bertrand pour lui succéder», a commenté à La Presse Affaires M. Caldwell de son bureau de New York.

«C'est fort probable à mon avis, considérant le moment tout de même très inusité de l'annonce de M. Nesbitt, alors que le processus d'achat de la Bourse de Montréal par TSX bat son plein.»

En Bourse, les investisseurs ont eu une première réaction négative envers les actions de TSX, en baisse de 1,2% en mi-séance lundi.

Mais elles ont repris le terrain perdu ensuite pour terminer en hausse de 0,3%, à 52,02$. Les actions de la Bourse de Montréal, pour leur part, ont gagné à peine 0,1%, à 39,29$.

Au siège social de la Bourse de Montréal, on préférait s'abstenir de critiquer l'annonce-surprise du chef de la direction de TSX.

«Nous respectons cette décision professionnelle de M. Nesbitt. Quant à la transaction entre nos deux entreprises, elle conserve toute sa pertinence et elle poursuit son cours», a soutenu le porte-parole de la Bourse de Montréal, Jean-Charles Robillard.

N'empêche, la surprise fut totale à la Tour de la Bourse du Square Victoria. Même pour Luc Bertrand, qui prévoyait avoir Richard Nesbitt comme principal collègue à la haute direction de la future entreprise boursière TMX.

«Ils se sont parlé par téléphone ce matin (hier). Mais on ne s'y attendait pas du tout. Nous n'avions eu aucun avis préalable, ce qui aurait été délicat de toute façon parce que les deux entreprises (TSX et MX) ont leurs actions cotées en Bourse», a indiqué M. Robillard.

D'ailleurs, la direction de la Bourse de Montréal a intérêt à éviter tout faux pas réglementaire à propos de sa transaction avec TSX alors que l'Autorité des marchés financiers (AMF) examine des soupçons de délits d'initiés, qui seraient survenus avant l'annonce du 10 décembre dernier.

De plus, l'AMF a la juridiction d'approuver ou de rejeter l'achat de la Bourse de Montréal par TSX. Des audiences publiques à cette fin sont prévues pendant deux jours à Montréal, à la fin de février ou au début de mars.

L'AMF publiera d'ailleurs d'ici peu l'avis officiel d'appel de recommandations et de mémoires à ce sujet, auquel les intéressés auront un mois pour répondre.

Entre-temps, à la Bourse de Montréal, «ça travaille 12 heures par jour», selon son porte-parole, pour préparer les étapes financières et réglementaires de l'offre d'achat convenue avec TSX.

Vers la mi-janvier, les actionnaires de la Bourse de Montréal recevront la circulaire de convocation pour une assemblée spéciale, leur dernière en fait, qui est prévue pour le 13 février.

Parmi ces actionnaires de MX, on compte d'ailleurs une majorité de ses 220 employés, en particulier le président Luc Bertrand, pour lesquels l'offre d'achat de TSX vaudra plusieurs millions de dollars.

Enfin, dans le milieu financier de Bay Street, l'annonce par la Banque CIBC de l'embauche de M. Nesbitt pour diriger sa division des Marchés mondiaux a confirmé l'ampleur de la restructuration à y accomplir.

Depuis deux mois, la CIBC a confirmé pour près de 3 milliards de dollars en pertes spéciales provoquées par la crise des titres de crédit en Amérique du Nord.

C'est de loin la pire situation dans ce secteur parmi les grandes banques torontoises, ce qui a aussi entaché gravement la valeur boursière de CIBC.

Lundi, la Banque CIBC a aussi congédié le chef de la direction de Marchés mondiaux CIBC, Brian Shaw, ainsi que son directeur de gestion du risque, Ken Kilgour.