Bombardier (T.BBD.B) veut tellement profiter du boom ferroviaire en Russie que la société montréalaise songerait à vendre une partie de sa division ferroviaire à des intérêts russes.

Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]] veut tellement profiter du boom ferroviaire en Russie que la société montréalaise songerait à vendre une partie de sa division ferroviaire à des intérêts russes.

Selon le quotidien russe Kommersant, Bombardier céderait la moitié de Bombardier Transport, plus grand constructeur ferroviaire au monde, en retour d'une participation au sein du constructeur ferroviaire russe Transmashholding.

Selon Kommersant, Bombardier serait même prête à céder ses actions à rabais afin d'obtenir un accès privilégié au marché russe. La transaction pourrait être conclue au cours des six prochains mois.

Lundi, Bombardier Transport a confirmé par voie de communiqué avoir des discussions «très préliminaires» avec Transmashholding, premier constructeur ferroviaire en Russie.

Les deux sociétés se connaissent plutôt bien. En mai dernier, elles ont investi 16,9 millions US au sein de deux coentreprises (joint ventures).

«Nous discutons de ces deux coentreprises ainsi que d'autres options afin d'explorer le marché russe», a dit David Slack, porte-parole de Bombardier Transport, à La Presse Affaires.

Les analystes financiers sont partagés sur la stratégie à adopter de la part de Bombardier afin d'accroître ses parts de marché dans le secteur ferroviaire en Russie.

«Je serais surpris que Bombardier cède la moitié de sa division ferroviaire. Quand Bombardier a voulu faire des affaires en Chine, la société a utilisé avec succès la formule des coentreprises. Bombardier pourrait faire la même chose en Russie, un marché ferroviaire qui prendra de l'importance au cours des prochaines années», a dit un premier analyste à La Presse Affaires sous le couvert de l'anonymat.

Un deuxième analyste financier croit que Bombardier ne pourra faire autrement que de se départir d'une partie de sa division ferroviaire si l'entreprise veut occuper une position privilégiée en Russie.

«C'est un marché à la fois très fermé et très intéressant. On y prévoit des dépenses jusqu'à 160 milliards US sur 25 ans. Les Russes ne veulent pas seulement une participation financière (dans une coentreprise), ils veulent avoir accès à la technologie des entreprises occidentales», a-t-il dit sous le couvert de l'anonymat.

Selon le quotidien Kommersant, Bombardier Transport et Transmashholding s'échangeraient entre 25% et 50% de leurs actions. La transaction serait conclue par l'entremise de la société d'État Russian Rail, qui est sur le point d'acquérir 25% des actions de Transmashholding, selon l'agence Bloomberg.

Les Jeux de Sotchi

En plus des actions de Transmashholding, la société d'État russe devra payer 1,2 milliard CAN à Bombardier afin de mettre la main sur la moitié de sa division ferroviaire au cours des trois prochaines années, estime Kommersant.

Normal: le chiffre d'affaires annuel de Bombardier Transport (6,6 milliards US au cours de la dernière année financière) est largement supérieur à celui de Transmashholding, qui n'a atteint que 2,1 milliards US (55 milliards de roubles) en 2006.

Bombardier Transport n'a jamais caché son intérêt pour la Russie, un marché ferroviaire en pleine expansion -notamment en raison des Jeux olympiques d'hiver de Sotchi en 2014.

Bombardier Transport a déjà signifié son intention de poser sa candidature afin de construire le train léger de Sotchi. Si elle obtient le contrat, la société montréalaise n'en sera pas à sa première expérience olympique: elle a déjà construit des trains pour les Jeux de Montréal (1976), d'Atlanta (1996) et d'Athènes (2004).

Mais il n'y a pas que la ville de Sotchi qui aura besoin des services de constructeurs ferroviaires comme Bombardier Transport au cours des prochaines années en Russie. Selon l'agence Bloomberg, Russian Rail prévoit dépenser 411 milliards US d'ici 2030 afin de moderniser le réseau ferroviaire du pays, qui s'étale sur 11 fuseaux horaires.

Le mois dernier, Bombardier Transport a d'ailleurs indiqué son intention de participer à l'appel d'offres du nouveau tramway de Saint-Pétersbourg.

«Le réseau ferroviaire est l'ossature de toutes les autres industries en Russie. C'est une occasion formidable pour Bombardier», a dit Sergey Ermolaev, responsable de la division russe de Bombardier, à l'agence Bloomberg.

Au cours de l'année financière se terminant le 31 janvier 2007, Bombardier Transport a représenté 45% des revenus et 42% des profits de Bombardier.

Lundi, le titre de Bombardier a baissé de 3,3% pour clôturer la séance à 5,85$ à la Bourse de Toronto.