Dans une violente charge anti-américaine, le président du Venezuela, Hugo Chavez, a ordonné vendredi soir l'envoi de l'armée dans les champs pétroliers, menaçant de priver de brut les Etats-Unis, avant le référendum de dimanche sur sa révision socialiste de la Constitution.

Dans une violente charge anti-américaine, le président du Venezuela, Hugo Chavez, a ordonné vendredi soir l'envoi de l'armée dans les champs pétroliers, menaçant de priver de brut les Etats-Unis, avant le référendum de dimanche sur sa révision socialiste de la Constitution.

"J'ai donné l'ordre au ministère de la Défense (...) de mettre en place les plans de protection de nos champs pétroliers et de nos raffineries. A partir de cette nuit, ils seront protégés par l'armée", a-t-il déclaré.

M. Chavez, un ancien officier putschiste de 53 ans, proche allié du leader cubain Fidel Castro, s'exprimait devant des dizaines de milliers de partisans, pour son discours de fin de campagne, avant le référendum sur la réforme visant à instaurer un Etat socialiste.

Il a affirmé qu'il n'y aurait "plus une goutte de pétrole pour les Etats-Unis", si Washington mettait en oeuvre un plan de déstabilisation au Venezuela.

Prêt à régner "jusqu'en 2050", le chef de l'Etat, qui a promis de "mettre KO l'empire américain", a accusé les Etats-Unis de préparer avec l'opposition une opération baptisée "Plan Tenaille" pour "déchaîner la violence" au cas où la réforme serait adoptée.

Le président a également confirmé qu'il engagerait des "poursuites" contre la chaîne d'information américaine CNN pour "incitation au meurtre" contre lui.

Sixième pays producteur mondial de brut, le Venezuela produit environ trois millions de barils de pétrole par jour, dont la moitié est exportée aux Etats-Unis, selon les chiffres officiels.

Pour M. Chavez, le gouvernement américain tente de provoquer des émeutes au Venezuela, en prévoyant de "raconter comme un disque rayé qu'il y a eu de la fraude" lors du référendum.

"Si avec cette excuse, ils lancent la violence au Venezuela, j'ordonnerai lundi au ministre (de l'Energie, Rafael) Ramirez d'arrêter les envois de pétrole aux Etats-Unis", a-t-il souligné.

Durant son discours, il a aussi menacé de "nationaliser" les banques espagnoles au Venezuela, si le roi d'Espagne Juan Carlos ne lui présentait pas "ses excuses".

Le bouillonnant dirigeant, qui a "congelé" les relations avec l'Espagne, reproche au roi de lui avoir manqué de respect en lui intimant de "se taire", lors du dernier sommet ibéro-américain organisé début novembre au Chili.

"J'ai une liste des entreprises espagnoles. Les Espagnols ont acheté des banques, nous pourrions les nationaliser à nouveau pour les mettre au service des Vénézuéliens", a-t-il averti.

Pour la première fois, le président vénézuélien, qui règne depuis huit ans sur le pays, se trouve sous la menace d'un revers électoral. Les derniers sondages prévoient un scrutin extrêmement serré, alimentant la crainte de violences.

Même dans les couches populaires, bastion du "chavisme", la population ne cache pas sa méfiance face à la réforme, qui lui permet de se présenter indéfiniment à la présidentielle et censurer la presse en cas de crise, tout en érigeant le socialisme en modèle économique.

Confronté à un mouvement de contestation sans précédent, M. Chavez avait convoqué vendredi ses troupes à un rassemblement massif sur la plus grande avenue de la capitale, où l'opposition avait organisé sa plus grande manifestation contre le régime.

"Oui avec Chavez", "Chavez pour toujours", ont crié ses partisans, dont la plupart avaient revêtu des chemises et casquettes rouge, la couleur du régime.

En béret et treillis militaire, Carlos Bolivar, un ouvrier de 49 ans, a déclaré à l'AFP être venu soutenir "un homme qui a donné sa vie pour défendre les pauvres".

Depuis Cuba, Castro a accusé les Etats-Unis de vouloir provoquer "un meurtre du chef de l'Etat ou une guerre civile au Venezuela", affirmant que cela provoquerait une "explosion de l'économie mondiale", dans une tribune publiée vendredi par la presse officielle.

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