Après cinq jours d'efforts frénétiques des autorités bancaires, les brèches du système financier international continuaient à s'élargir mercredi, avec l'apparition de nouveaux noms sur la liste des établissements condamnés d'avance par les marchés.

Après cinq jours d'efforts frénétiques des autorités bancaires, les brèches du système financier international continuaient à s'élargir mercredi, avec l'apparition de nouveaux noms sur la liste des établissements condamnés d'avance par les marchés.

Quelques heures après la décision historique des autorités américaines de nationaliser l'assureur AIG, et l'annonce que la banque britannique Barclays achetait pour une bouchée de pain les meilleurs actifs de Lehman Brothers, la britannique HBOS a dû accepter son rachat en urgence.

L'avalanche de nouvelles mettait les marchés boursiers sur les nerfs, en dépit du déversement de liquidités par les banques centrales. Wall Street a terminé en baisse de 4,06%, sous l'effet de nouvelles attaques sur les valeurs financières, le sauvetage d'AIG confortant les analyses pessimistes sur la gravité de la crise.

La Bourse de Londres a perdu 2,25% et Paris a plongé à son plus bas niveau depuis mai 2005 (-2,14%).

«Nous avons actuellement une image très mitigée» de la situation économique, a reconnu mercredi la Maison-Blanche, mais les États-Unis ont «la force» de surmonter la crise financière, a assuré la porte-parole Dana Perino.

Plus pessimiste, le directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn a affirmé que les événements récents représentaient «un risque potentiel supplémentaire» pour la croissance mondiale.

Longtemps incarnation de la solidité, la banque HBOS a dû se résigner à être avalée par sa rivale Lloyds TSB après avoir vu s'envoler les deux-tiers de sa capitalisation boursière.

Autre coup de tonnerre: Barclays a annoncé le rachat de la majeure partie des activités américaines de Lehman Brothers, la banque d'affaires qui a déposé son bilan lundi devant l'intransigeance des pouvoirs publics.

Pour un prix (250 millions de dollars) qui aurait été jugé ridicule il y a quelques mois, Barclays va faire de sa filiale BarCap la troisième banque d'affaires de Wall Street.

De l'autre côté de l'Atlantique, justement, venait de se produire un autre épisode historique.

La banque centrale américaine, la Fed, restée inflexible dimanche devant les difficultés de Lehman Brothers, a opéré mardi un virage à 180 degrés en apportant une aide inédite de 85 milliards de dollars à l'assureur AIG pour éviter une crise financière planétaire.

La Réserve fédérale s'est résolue à prêter elle-même les sommes nécessaires à AIG, alors que l'ex-numéro un mondial de l'assurance ne disposait plus que de quelques heures avant de déposer son bilan, ce qui aurait pu provoquer une réaction en chaîne aux conséquences incalculables.

Pour Elie Cohen, directeur de recherche au CNRS, «ce sauvetage est à la fois une mauvaise nouvelle, parce que ça veut dire que la crise se développe», mais aussi «une bonne nouvelle, parce que cela signifie que le gouvernement s'assoit sur ses convictions pour éviter la crise systémique».

Selon le quotidien New York Post, les autorités américaines seraient maintenant à la recherche d'un repreneur pour Washington Mutual, la grande banque de Seattle, qui croûle sous le poids de ses encours immobiliers.

Et après l'élimination de trois des cinq banques d'affaires de Wall Street --Bear Stearns, Lehman Brothers et Merrill Lynch, mariée dimanche à la hussarde à Bank of America--, la spéculation se tournait vers le numéro un du secteur: Morgan Stanley. Le titre a perdu plus de 24%, alors même que la banque a publié un excellent bénéfice trimestriel de 1,42 milliard de dollars.

Signe de la nervosité des marchés, l'or et les bons du Trésor américains, deux placements qui servent traditionnellement de refuge en temps de crise, ont flambé, avec l'arrivée massive sur ces marchés d'investisseurs paniqués par l'effondrement des valeurs financières. À Londres, l'or a fait un bond de 55 dollars (+7%), tandis que le bon du Trésor américain à trois mois a vu son rendement tendre vers zéro, à seulement 0,060%.