Pétromont ferme ses portes. Frappée coup sur coup par la hausse du dollar et celle du pétrole, incapable de trouver un acheteur, la société pétrochimique fermera ses deux usines le 30 avril prochain. Bilan: 300 licenciements et des pertes d'une centaine de millions pour la SGF.

Pétromont ferme ses portes. Frappée coup sur coup par la hausse du dollar et celle du pétrole, incapable de trouver un acheteur, la société pétrochimique fermera ses deux usines le 30 avril prochain. Bilan: 300 licenciements et des pertes d'une centaine de millions pour la SGF.

Pétromont appartient à moitié à la Société générale de financement et à moitié au géant américain Dow Chemical.

Elle a encaissé des pertes de 38 millions entre 2003 et 2006, puis de 26 millions l'an dernier, dont 18 millions au dernier trimestre. Bref, elle s'enfonce dans le rouge de plus en plus rapidement.

«On n'est pas profitable depuis 2003, et on prévoit continuer à cumuler des pertes en 2008 et 2009», dit Louis Rail, directeur des affaires publiques pour Pétromont.

Comme pour toutes les entreprises du secteur manufacturier, le dollar a fait mal. Mais Pétromont a aussi vécu la flambée des prix du pétrole de façon particulièrement dramatique puisqu'il représente sa matière première.

Dans ses usines de Varennes et de Montréal-Est, l'entreprise le transforme en produits pétrochimiques et en résines de polyéthylène qui servent à fabriquer autant des sacs de plastique que des composantes pour l'automobile.

«On a essayé tous les scénarios possibles avant d'en arriver à la fermeture», dit Marie-Claude Lemieux, porte-parole de la SGF.

Contrairement à d'autres complexes intégrés de Dow Chemical, qui s'alimentent eux-mêmes en pétrole, Pétromont doit acheter le sien sur les marchés, à plein prix.

Ça n'a pas aidé. Un autre coup dur est tombé l'automne dernier: l'usine de polypropylène de Bassel, à Varennes, a fermé ses portes. Pétromont y écoulait 25% de sa production.

En décembre, Dow Chemical a radié son investissement dans Pétromont; la SGF avait aussi annoncé qu'elle songeait à faire de même.

La société dit aujourd'hui avoir déjà perdu 52 millions dans l'aventure, et prévoit en perdre environ 50 autres pour fermer l'usine de façon sécuritaire.

La direction ne parle pas d'une fermeture, mais bien d'une «mise en cocon»; «l'état des installations pétrochimiques sera maintenu intègre dans l'éventualité où les conditions de marché changeraient ou que d'éventuels intérêts externes se manifestent», dit le communiqué publié hier.

«Il faudrait un revirement important», dit toutefois Marie-Claude Lemieux, de la SGF. Les actionnaires ont déjà tenté de trouver un acquéreur l'an dernier, sans succès. Louis Rail, de Pétromont, explique aussi qu'un plan visant à faire venir du propane par bateau pour alimenter l'usine en matières premières a été envisagé.

Le syndicat «fort attristé»

«Mais on ne pouvait mettre ces projets en place avant 2010, dit Louis Rail. Et cumuler des pertes pour 2008 et 2009, plus les coûts du projet, ça faisait en sorte qu'on n'était pas en mesure d'avoir un retour sur l'investissement dans une période acceptable.»

Daniel Cloutier, du Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier, qui représente 170 travailleurs syndiqués chez Pétromont, s'est dit «fort attristé» de la situation.

«On partage un peu l'analyse économique de l'entreprise, mais c'est clair qu'on va chercher l'appui des gouvernements pour sauver ce qui est le coeur de la pétrochimie à Montréal.»

Louis Riel tient quant à lui à rassurer la population. «Sur le plan de la sécurité et de l'environnement, on va purger nos conduites, vendre nos inventaires et rendre le site sécuritaire», assure-t-il.

Pétromont génère des ventes annuelles de 750 millions de dollars dans l'est de l'Amérique du Nord.