Dans le but de protéger les actionnaires, les règles des marchées boursiers se sont resserrés depuis 2004.

Dans le but de protéger les actionnaires, les règles des marchées boursiers se sont resserrés depuis 2004.

Avec l'adoption récente de la loi 198, les entreprises cotées en Bourse sont tenues de démontrer la sécurité de leurs systèmes financiers avant de pouvoir appliquer leur plan d'affaires.

Mais l'envers de la médaille, c'est que ces nouveaux contrôles coûtent très cher alors que 80 % des compagnies inscrites à la Bourse de croissance de Toronto ont une capitalisation inférieure à 25 M$.

Comment les PME québéboises s'en tirent-elles face à ces nouvelles exigences? Pour plusieurs d'entre elles, c'est un gros défi dans lequel elles ont mis beaucoup d'argent sans avoir la certitude que les actionnaires étaient mieux protégés ou qu'elles allaient voir leurs actions grimper.

Un débat organisé au Château Frontenac par le Collège des administrateurs de sociétés de l'Université Laval en collaboration avec l'Institut des administrateurs de sociétés (IAS-section Québec) a mis en lumière les avantages et difficultés d'être une compagnie publique en 2008.

Au nombre des conférenciers, les entrepreneurs Denis Bertrand, de Sigma, Jocelyn Vézina, de TS03 et Ghislain Théberge, ex-pdg de CO2 Solution, ont raconté leur expérience, alors que Louis Doyle, vice-président de la Bourse de croissance TSX, a précisé les conditions préalables pour devenir une société ouverte.

D'entrée de jeu, M. Doyle a affirmé qu'une entreprise qui souhaitait aller en Bourse devait d'abord se trouver des administrateurs compétents.

«De nos jours, c'est un incontournable», a-t-il ajouté.

«Parce qu'en 2008 une bonne gouvernance amène automatiquement la con-fiance des investisseurs et donc la capacité pour une petite compagnie de lever des fonds, de réaliser son plan d'affaires.»

Et avoir les moyens d'aller plus loin est, souligne-t-il, la motivation première des chefs d'entreprise qui décident d'aller en Bourse.

TSO3, une entreprise de Québec qui conçoit et fabrique des stérilisateurs à l'ozone est à la bourse depuis 2001. Or, l'arrivée de la loi 198, il y a deux ans, a soulevé des craintes au sein de la compagnie.

Premier changement, le pdg Jocelyn Vézina a dû céder son siège de président du c.a à quelqu'un de l'extérieur.

«Mais je dois avouer, dit-il, que ça ne m'a pas vraiment dérangé. Non, ce qui me faisait peur, c'était que les c.a. ne deviennent des gendarmes parlant au seul nom des actionnaires. Beaucoup d'ailleurs voyait la nouvelle réglementation comme une arme pour les investisseurs. Mais heureusement, dit-il, les c.a. sont plutôt devenus des conseillers et des partenaires stratégiques pour nos compagnies. Ce qui ne nous a pas empêchés d'appliquer des politiques rigoureuses au sein de notre société.»

Le vice-président de la Bourse de croissance TSX, Louis Doyle, qui côtoie des entrepreneurs au quotidien, déclare avoir décelé une nouvelle maturité chez les dirigeants d'entreprise.

Mais pour lui, avant qu'une compagnie ne fasse le saut du privé au public, il faut une bonne réflexion.

«Ce que je conseille aux chefs d'entreprise qui songent à s'inscrire à la Bourse, c'est de commencer à vivre comme une entreprise publique, à définir les fonctions de tout le monde, à émettre des communiqués, à mettre sur pied un comité de gouvernance.»

«Parce qu'une fois publique, dit-il, vous serez sous les réflecteurs. Vous devrez être bien entourés et très efficaces. Et même là, lance-t-il, il n'y aura aucune garantie de réussite.»