L'Ontario est entré en récession tandis que le Québec pourra peut-être l'éviter par la peau des dents, selon les prévisions révisées à la baisse du Mouvement Desjardins.

L'Ontario est entré en récession tandis que le Québec pourra peut-être l'éviter par la peau des dents, selon les prévisions révisées à la baisse du Mouvement Desjardins.

La contraction décevante de 0,8% au premier trimestre de la «société distincte» amène l'institution lévisienne à ramener de 1,0% à 0,8% seulement son expansion pour l'ensemble de l'année. Il s'agirait de sa plus faible performance en six ans.

L'Ontario, ravagé par la crise de l'industrie automobile qui réduit à la fois sa production industrielle et sa balance commerciale, a connu un hiver économique désastreux. La diminution réelle du produit intérieur brut (PIB) a atteint 1,4% sur une base annualisée.

Rien n'indique jusqu'ici qu'il se soit ressaisi au printemps. Pire, les données de son marché du travail témoignent d'une grave détérioration. En juin et juillet, l'économie a détruit 42 800 emplois, le pire doublé en 15 ans.

Desjardins croit que sa croissance pour toute l'année sera quasi nulle à 0,1%. «Il semble assez clair maintenant que l'Ontario, contrairement au Québec, ne pourra éviter la récession», écrivent François Dupuis et Yves St-Maurice, économiste en chef et économiste en chef adjoint, dans la présentation de la mise à jour.

Ce qui sauve peut-être le Québec, c'est le départ canon de l'économie en avril avec un bond de 0,9% du PIB calculé sur une base industrielle.

Ce qui l'aide aussi, c'est sa base industrielle distincte. Ici, peu d'industrie automobile et beaucoup d'aéronautique, un secteur moins touché par le grave ralentissement américain.

Cela dit, Desjardins figure parmi les plus pessimistes en ce qui concerne la performance de l'économie canadienne dans son ensemble, au deuxième trimestre. Le consensus des économistes voit une expansion modeste de 0,6%, soit le double de la prévision de Desjardins.

«On est un peu à cheval sur la clôture», reconnaît en entrevue M. St-Maurice.

Dans ce jeu de décimale, la moindre variation imprévue des stocks des entreprises peut faire toute la différence. Dans l'évaluation du PIB, les stocks restent la variable la plus difficile à prévoir. Au premier trimestre, c'est leur diminution surprise qui avait confondu les experts et fait reculer l'économie réelle de 0,09%. Une fois annualisée, elle donnait une contraction de 0,3%.

Un petit écart de centièmes dans les résultats pourrait cependant avoir des répercussions désastreuses dans la perception de l'état réel de l'économie par les marchés cette fois-ci.

Une croissance de 0,3% en chiffre annualisé, fondée sur une avancée réelle de 0,08% durant le trimestre permettrait à plusieurs d'affirmer que le Canada a évité de justesse une récession technique qui correspond à deux contractions d'affilée.

Si, par contre, la variation de 0,08% était négative, bien des acteurs des marchés financiers tireraient la conclusion que le Canada serait le premier pays du G-7 à tomber en récession au cours du présent cycle alors que sa santé est loin d'être la plus mauvaise.

Telles sont les limites d'une mesure de l'économie comme le produit intérieur brut réel. Ainsi, les États-Unis ont vu leur PIB avancer de 0,9% et de 1,9% au cours des deux premiers trimestres uniquement grâce à l'amélioration de leur déficit commercial fondée sur la faiblesse du billet vert. Pourtant, leur système bancaire, leur marché du travail et le bilan financier de leurs ménages sont beaucoup plus mal en point que les canadiens.

On en saura davantage vendredi quand Statistique Canada dévoilera ses chiffres.