L'ex-numéro 2 de la Caisse de dépôt, Michel Nadeau, juge très préoccupant que les trois quarts des hauts dirigeants de Bell ne travaillent plus à Montréal.

L'ex-numéro 2 de la Caisse de dépôt, Michel Nadeau, juge très préoccupant que les trois quarts des hauts dirigeants de Bell ne travaillent plus à Montréal.

«Ce déplacement est regrettable. Évidemment, il est compréhensible que le vice-président du développement des affaires soit à Toronto, où se situe le plus gros marché. Mais pour le reste», a dit M. Nadeau.

Celui qui est aujourd'hui directeur général de l'Institut pour la gouvernance croit que «le siège social, c'est le lieu de travail de la majorité des cadres supérieurs. L'endroit où se réunit le conseil d'administration, ce n'est pas mauvais, mais ce n'est pas crucial».

À surveiller

De son côté, Isabelle Hudon, présidente de la chambre de commerce du Montréal métropolitain, croit qu'il s'agit d'une situation à surveiller. «Je ne sais pas si sur la base du nombre de hauts dirigeants, on peut dire qu'il y a péril en la demeure. Mais ça m'interpelle, c'est à surveiller», a-t-elle dit.

Michel Nadeau et Isabelle Hudon rappellent l'importance des sièges sociaux pour une ville. Ils ont un impact très important pour les firmes d'avocats et de comptables, pour les agences de publicité, pour les consultants, pour les activités philanthropiques. Plusieurs emplois clés en dépendent.

Au dernier décompte, Montréal comptait sur la présence de 77 grands sièges sociaux l'an dernier, une baisse de 15 par rapport à l'an 2000, selon l'Institut Fraser. Toronto compte pour sa part 173 sièges sociaux, 17 de moins qu'il y a sept ans. C'est Calgary qui gagne au change, avec 71 sièges sociaux, en hausse de 21 depuis l'an 2000.

BCE est considérée comme la 22e entreprise au Canada en termes de revenus (17,9 G$). Au Québec, elle compte environ 17 300 employés, au quatrième rang québécois, selon LES AFFAIRES 500.

Comme la Banque Royale?

Le consultant en télécommunications Jean-Guy Rens croit que la situation de BCE ressemblera à celle de la Banque Royale. «Officiellement, le centre de décision est à Montréal, mais dans les faits, tout se passe à Toronto», dit-il.

Jean-Guy Rens croit que le phénomène s'est accentué avec l'arrivée de George Cope et de son équipe à la tête de l'entreprise, en juillet. Et avec la mainmise de Teachers', «il n'y a plus de raison d'avoir un siège social à Montréal», dit l'auteur d'un livre sur les télécommunications canadiennes, en 1993.

L'ex-PDG de BCE, Raymond Cyr, donne un son de cloche différent. «Il est prématuré de dire que George Cope ne déménagera pas. Il ne devrait pas déménager avant que la transaction soit complétée (en décembre)», dit-il.

Raymond Cyr rappelle que le premier dirigeant de BCE a toujours été à Montréal depuis 128 ans. «Il y en a qui venait de l'extérieur, mais ils sont tous venus vivre à Montréal», dit-il.