Les Américains sont aux prises avec la situation financière des ménages et des crises immobilières et financières, mais le Canada devrait s'en sortir.

Les Américains sont aux prises avec la situation financière des ménages et des crises immobilières et financières, mais le Canada devrait s'en sortir.

Telles sont les prévisions économiques de la Banque Nationale pour 2008 et 2009.

Les États-Unis ne devraient pas échapper à la récession sous le coup des effets cumulés de la crise immobilière et de la crise financière, selon la Banque Nationale. Cette récession devrait toutefois rester modérée, affirment les économistes de la banque.

«Les ménages (américains) vont manquer de souffle, car leur situation financière se dégrade dans le sillage de la baisse du prix des maisons, de la poussée du prix de l'essence et des aliments, et de la hausse passée de l'endettement, sans parler des pertes d'emplois apparues récemment qui sapent le moral des ménages», affirme la Banque Nationale dans ses conclusions.

Et d'ajouter «Toutefois, grâce aux mesures énergiques prises par les autorités, autant monétaires que budgétaires et réglementaires, cette récession devrait être de nature modérée et ne pas excéder 8 à 10 mois».

La banque estime que l'économie renouera avec la croissance en 2009, mais lentement, en raison de l'accès au crédit qui demeurera restreint et des taux hypothécaires élevés. «D'autres baisses du prix des maisons sont nécessaires avant que le secteur résidentiel ne soit relancé».

Le Canada résistera

Du côté canadien, les indicateurs fondamentaux leur laissent croire que l'économie résistera à ce mouvement. «La demande intérieure demeure dynamique au Canada, qui bénéficie en outre de prix élevés pour ses matières premières et de la vitalité du marché de l'emploi. Les finances publiques saines procurent une marge de manouvre en cas de besoin, sans compter que la Banque du Canada a administré une médecine préventive», commentent les économistes de la Banque Nationale.

L'un d'eux, Marc Pinsonneault, estime que le Québec devrait tirer son épingle du jeu grâce au dynamisme du secteur aéronautique et des investissements massifs en cours dans les infrastructures et les réductions d'impôts.

M. Pinsonneault entrevoit des difficultés pour l'Ontario, «en raison de la rationalisation en cours dans le secteur de l'automobile». Il n'utilise pas pour autant le terme de récession.

Au niveau mondial, la croissance fléchira pour avoisiner les 3,6% en 2008 et 3,2% en 2009, en raison de la hausse des cours de l'énergie et des aliments. Et même si la Chine et l'Inde continueront de croître, elles ne pourront pas compenser ces effets, affirme Yanick Desnoyers, économiste principale à la Banque Nationale.

Les investisseurs devraient rester prudents

Au chapitre des taux d'intérêt, les économistes de la BN estiment que la Réserve fédérale américaine devrait s'abstenir de baisser son taux directeur pour un bon moment après l'avoir descendu de 325 points de base depuis l'été dernier. «Les autorités se montrent maintenant concernées par les impacts inflationnistes potentiels liés à la dépréciation marquée du billet vert américain».

Au Canada, "d'autres baisses du taux directeur (environ 50 points de base) devraient être observées pour contrer les incidences du ralentissement américain d'autant plus que l'inflation de base semble nettement mieux maîtrisée qu'au sud de la frontière", prévoit la BN.

Selon Clément Gignac, économiste en chef à la Banque Nationale, le marché américain des capitaux devrait rester volatil.

M. Gignac estime que «les investisseurs doivent garder à l'esprit que le marché boursier tend à repartir à la hausse toujours bien avant que la récession ne soit terminée, de sorte que les rendements espérés sur le marché américain devraient être nettement plus inspirants au cours des prochaines années que ceux enregistrés au cours des deux derniers trimestres.»

Du côté du marché boursier canadien, M. Gignac appelle à la prudence en raison du poids très important de l'énergie et des matériaux. Il se dit convaincu que les prix des ressources naturelles sont en partie dopés par les activités de spéculateurs et de différents acteurs désireux de se prémunir contrer une glissade du billet vert américain.

«Dans ce contexte, les investisseurs devraient rester disciplinés en n'hésitant pas à prendre des profits sur leurs titres de ressources naturelles pour les redéployer vers des secteurs plus défensifs ou d'autres classes d'actifs plus malmenées récemment par le retour d'une certaine forme d'aversion au risque.», conclut-il.

Enfin, la Banque Nationale prévoit un huard entre 93 et 98 cents au cours des prochains mois.