Boeing ne boudera pas le Québec. Le constructeur d'avions américain accordera pour près de 400 M$ de contrats à des entreprises d'ici qui profiteront ainsi des retombées industrielles associées à l'achat d'avions de transport C-17 par le gouvernement fédéral.

Boeing ne boudera pas le Québec. Le constructeur d'avions américain accordera pour près de 400 M$ de contrats à des entreprises d'ici qui profiteront ainsi des retombées industrielles associées à l'achat d'avions de transport C-17 par le gouvernement fédéral.

C'est un premier gain appréciable pour l'industrie aérospatiale du Québec qui craignait que sa récolte de contrats ne soit largement inférieure à son importance.

Rappelons que dans une décision critiquée au Québec, le gouvernement fédéral a laissé à Boeing toute latitude sur l'emplacement de ses retombées industrielles au Canada.

Boeing annoncera les contrats ce matin (lundi) à l'usine flambant neuve de la société RTI Claro dans le parc industriel de l'autoroute 25 à Laval, en compagnie des ministres conservateurs Jim Prentice (Industrie) et Michael Fortier (Travaux publics).

L'emplacement n'a pas été choisi au hasard. De la dizaine d'entreprises qui ont décroché un contrat avec Boeing au terme d'un lobbying intensif de l'industrie québécoise, c'est RTI Claro qui obtient la part du lion.

La valeur de son contrat frise les 300 M$, d'après les informations obtenues par La Presse.

RTI Claro est une filiale de RTI International Metals, entreprise de l'Ohio dont le titre se transige à la Bourse de New York. Cette spécialiste du titane vient d'investir 43 millions pour déménager sa division montréalaise de Saint-Léonard à Laval.

Elle compte plus de 250 salariés qui usinent des pièces d'aéronefs en alliage de titane, en aluminium et en acier inoxydable.

Boeing figure déjà parmi les clients importants de RTI Claro, aux côtés de Bombardier et de Bell Helicopter.

Le nouveau contrat à long terme d'une durée de 10 ans porte sur la fourniture de composants en titane pour les rails des sièges du nouveau Boeing 787 Dreamliner.

En octroyant ces contrats de près de 400 M$, Boeing remplit une bonne partie des engagements associés à la vente des quatre avions de transport C-17.

Ottawa déboursera 1,8 milliard de dollars pour les avions, leurs moteurs et les infrastructures associées à ces appareils.

En vertu de l'entente convenue avec le gouvernement fédéral, le constructeur américain est tenu d'investir au Canada un dollar pour chaque dollar reçu.

Cela équivaut à un investissement de 869 millions de dollars, soit le prix des appareils sans leurs moteurs. Boeing a huit ans pour s'acquitter de cette obligation.

Avec des contrats de 400 millions de dollars, le Québec est assuré de recevoir au moins 45% des retombées industrielles du contrat de fourniture des C-17.

Ce ne sont pas encore les 50% à 60% réclamés par l'industrie québécoise. Avec 40 400 emplois et des ventes de 11,4 milliards en 2006, le Québec représentait 60% de toute l'activité en aérospatiale au pays, calcule le ministère québécois du Développement économique.

Mais ce 45% est mieux que ce que le Québec appréhendait. L'industrie québécoise redoutait que Boeing ne concentre le gros de ses retombées industrielles à sa propre usine de Winnipeg.

Elle craignait aussi que Boeing refuse d'encourager des entreprises québécoises qui travaillent avec Bombardier, un rival qui veut jouer dans sa cour avec son projet d'avion commercial CSeries.

Reste à voir si le Québec fera mieux - ou pire - dans les autres contrats.

L'achat des quatre C-17 est en effet assorti d'un autre contrat de 1,6 milliard pour le soutien en service pendant 20 ans de ces gros appareils qui servent à déplacer du personnel et du matériel en cas de catastrophe nationale ou de crise internationale.

Et ce n'est qu'une partie des achats d'équipements militaires qui se trouvent sur la liste d'épicerie du gouvernement Harper. Il y en a pour plus de 17 milliards de dollars.

Or, exception faite des navires de soutien et des camions logistiques, les trois quarts de ces achats tiennent du secteur aérospatial.

À preuve, le contrat de 1,4 milliard de dollars octroyé il y a une semaine au constructeur américain Lockheed Martin pour l'achat de 17 avions de transport Hercules.