Des centaines d'automobilistes ont pris d'assaut hier une station-service de Londres qui a offert gratuitement l'équivalent de 35 000$ de carburant à l'occasion d'une opération publicitaire. Une promotion qui aurait certainement enthousiasmé aussi les Montréalais, dont le portefeuille a une fois de plus été malmené par une hausse aussi importante que subite des prix à la pompe.

Des centaines d'automobilistes ont pris d'assaut hier une station-service de Londres qui a offert gratuitement l'équivalent de 35 000$ de carburant à l'occasion d'une opération publicitaire. Une promotion qui aurait certainement enthousiasmé aussi les Montréalais, dont le portefeuille a une fois de plus été malmené par une hausse aussi importante que subite des prix à la pompe.

De jeudi à hier, le coût d'un litre d'essence est passé de 1,26$ à 1,39$ dans la plupart des stations de l'île de Montréal. Les fluctuations ne sont pas rares dans ce secteur, mais bien des automobilistes ont été pris de court. Le prix du baril de pétrole a de son côté baissé durant toute la semaine, comme il l'avait fait durant le mois d'août. «O.K., cette fois, je suis vraiment furieux, a écrit un internaute sur le forum EssenceMontréal. Quelle escroquerie!» Et ce n'est qu'un message parmi tant d'autres.

Hier, les détaillants ont répliqué à ces critiques en expliquant que cette hausse n'était que le fruit d'un «réajustement normal». «Depuis le début de la semaine, les prix à la pompe étaient identiques au prix plancher (fixé par la Régie de l'énergie), ce qui veut dire que les détaillants n'avaient aucune marge de profit», a indiqué Sonia Marcotte, de l'Association québécoise des indépendants du pétrole.

«Beaucoup de consommateurs peuvent se réjouir d'avoir fait le plein au plus bas prix possible», a lancé Carole Montreuil, de l'Institut canadien des produits pétroliers.

Hier soir, selon Mme Marcotte, la marge de profit des détaillants oscillait autour de 9 cents le litre, soit près du double de la moyenne observée pendant le reste de l'année. Une façon de compenser pour les pertes des jours précédents, a-t-elle expliqué.

Frédéric Quintal, fondateur de l'Essence à juste prix, note d'ailleurs que les consommateurs auraient facilement pu prévoir la hausse. «Il suffit de consulter chaque matin sur l'internet le coût d'acquisition de l'essence pour les détaillants. S'il est très près du prix à la pompe, comme c'était le cas, cela veut dire que la marge de profit est près de zéro et que la situation ne durera pas.»

Il rappelle aussi que le prix de l'essence n'est plus seulement associé au prix du brut mais dépend beaucoup de la marge de profit au moment du raffinage, qui est passée de 7 cents le litre au début du mois d'août à 18 cents aujourd'hui, une hausse de 160%.

M. Quintal ajoute d'ailleurs que, contrairement à la légende urbaine, les détaillants ne profitent pas systématiquement de l'arrivée de la fin de semaine pour gonfler leurs prix. «Les fluctuations ont lieu aussi souvent les lundis que les mercredis ou les vendredis», assure cet observateur.

Mais Carol Montreuil confirme que les prix à la pompe augmentent généralement plus vite qu'ils ne baissent, au grand dam de bien des consommateurs.