L'économie américaine ne court pas le risque de voir une autre bulle spéculative éclater à moyen terme, a estimé vendredi Alan Greenspan, président de la Réserve fédérale américaine de 1987 à 2006.

L'économie américaine ne court pas le risque de voir une autre bulle spéculative éclater à moyen terme, a estimé vendredi Alan Greenspan, président de la Réserve fédérale américaine de 1987 à 2006.

«Je ne m'attends pas à voir de bulles pour une très longue période de temps», a déclaré M. Greenspan au cours d'un événement organisé par la Banque de Montréal dans la métropole québécoise. Plus de 1900 personnes ont déboursé 450 $ chacune pour y assister.

Selon l'homme de 82 ans, les conditions nécessaires à la création d'une bulle sont une faible inflation, de faibles taux d'intérêt à long terme, la stabilité économique et un «excès de confiance» chez les investisseurs.

«Une fois que la pression inflationniste commence à émerger, il n'y a pas de bulles», a-t-il soutenu.

Or, l'inflation, propulsée par la flambée des prix des matières premières, est en hausse partout sur la planète. A tel point que les banques centrales pourraient devoir «resserrer» sérieusement leurs politiques monétaires au cours des prochaines années pour la contenir. Alan Greenspan se demande toutefois si les politiciens sont «assez sages» pour ne pas s'ingérer dans le travail des banques centrales.

Aux yeux du vénéré économiste, les prix élevés du pétrole sont là pour rester, puisqu'ils ne sont pas seulement alimentés par la spéculation, mais aussi par la forte demande mondiale.

Dans les circonstances, M. Greenspan n'exclut pas que la stagflation - une forte inflation combinée à une très faible croissance économique - frappe le monde occidental. Il ne croit cependant pas que l'escalade actuelle des prix des matières constitue une bulle spéculative.

Une fois de plus, l'ancien maître de la Fed s'est défendu d'avoir été à l'origine des bulles qui ont affligé les États-Unis et le reste du monde, ces dernières années: celle du secteur des technologies, en 2001, et celle du crédit, l'été dernier. Certes, il a abaissé le taux directeur américain jusqu'à 1 pour cent, en 2003, mais d'après lui, les taux d'intérêt à long terme, sur lesquels les banques centrales ont peu d'influence, ont davantage contribué aux problèmes.

L'ancien gourou des marchés a par ailleurs réitéré son aversion pour les mesures protectionnistes, estimant qu'elles empêchent l'économie de bien s'adapter aux crises comme celle des prêts à risque. «Il est très coûteux de s'éloigner des marchés mondiaux», a-t-il affirmé.

Pendant le mandat d'Alan Greenspan, les États-Unis ont connu deux récessions, qui ont toutes deux duré moins d'un an. En fait, le pays a connu la plus longue expansion économique de son histoire.

Une nouvelle version de son best-seller, Le Temps des turbulences, qui comprendra un nouveau chapitre sur la crise du crédit, doit être publiée en août.