L'euro a franchi un nouveau seuil à la baisse face au dollar, repassant sous les 1,40 dollar pour la première fois depuis onze mois, loin de ses records historiques de la mi-juillet, sur fond d'inquiétudes pour la croissance européenne.

L'euro a franchi un nouveau seuil à la baisse face au dollar, repassant sous les 1,40 dollar pour la première fois depuis onze mois, loin de ses records historiques de la mi-juillet, sur fond d'inquiétudes pour la croissance européenne.

La monnaie unique européenne est tombée jusqu'à 1,3964 dollar, son plus bas niveau depuis le 20 septembre 2007, après plusieurs tentatives infructueuses pour casser le seuil des 1,40 dollar. Vers 18h00, l'euro s'échangeait à 1,3976 dollar, contre 1,4134 dollar la veille à 17h00 GMT.

Il a ainsi perdu près de 13% depuis son record historique, le 15 juillet, à 1,6038 dollar.

L'euro perdait aussi du terrain face aux principales monnaies internationales, dont le yen, à 159,08 yens. La monnaie américaine en revanche se renforçait face à la monnaie japonaise, à 107,81 yens.

Le rapport euro-dollar reflétait les inquiétudes des investisseurs sur la croissance économique européenne.

Les prévisions économiques intérimaires d'automne de la Commission européenne ont alimenté ces craintes: les quinze pays de la zone euro devraient connaître une croissance de 1,3% cette année par rapport à l'an dernier, alors que la Commission attendait encore 1,7% en avril.

«La baisse de l'euro face au dollar reflète une tendance plus générale observée depuis la mi-juillet, celle d'un ralentissement économique en Europe. La nouveauté tient à la possibilité désormais envisagée que la zone euro puisse entrer en récession», a indiqué Jay Brisen, de Wachovia.

Le contexte était par ailleurs favorable à un raffermissement du dollar, selon John Kicklighter, de DailyFX, avec «les prix du baril de pétrole qui se rapprochaient des 100 dollars à New York» et un apaisement des craintes qui entouraient les organismes de refinancement hypothécaires.

Mais le grand flou qui continue à entourer encore le sort de la banque d'affaires américaine Lehman Brothers a entraîné toute la journée de mercredi une grande volatilité des échanges.

La baisse des cours du pétrole laisse entrevoir un éloignement des pressions inflationnistes, ce qui pourrait, selon certains économistes, pousser la Banque centrale européenne à baisser ses taux, une mesure qui serait favorable au dollar car l'écart concernant le loyer de l'argent entre la zone euro et les Etats-Unis serait réduit.

«Les forts mouvements de l'euro contre le dollar sont le résultats des attentes que, à court terme, la Réserve fédérale américaine remontera ses taux et que la Banque centrale les abaissera», résume Terry Belkas, de DailyFX.

«Toutefois, certains signes laissent entrevoir que ces changements dans les taux d'intérêt ne devrait pas se faire avant 2009, et une fois que les marchés l'auront compris, le rapport euro-dollar pourrait repartir à la hausse», ajoute la stratégiste.

Ainsi, Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne, a prévenu que l'inflation en zone euro devrait rester élevée pour encore «un certain temps», laissant peu d'espoir d'une baisse rapide des taux d'intérêt.

Jay Brisen n'entrevoit un mouvement de la BCE que l'année prochaine pour répondre à un ralentissement économique tandis que la Fed devrait maintenir pour l'heure sa politique monétaire. L'analyste table sur un euro évoluant entre 1,20 et 1,25 dollar à fin 2009.