Les signes que les banquiers et le groupe d'acheteurs de BCE (T.BCE) sont en train de renégocier les conditions de la plus grosse transaction par emprunt de l'histoire se multiplient. Dernier en lice: la décision de BCE de retenir le dividende de ses actionnaires.

Les signes que les banquiers et le groupe d'acheteurs de BCE [[|ticker sym='T.BCE'|]] sont en train de renégocier les conditions de la plus grosse transaction par emprunt de l'histoire se multiplient. Dernier en lice: la décision de BCE de retenir le dividende de ses actionnaires.

BCE a annoncé lundi qu'elle ne versera pas immédiatement le dividende sur les actions ordinaires de l'entreprise pour le deuxième trimestre, préférant conserver les 294 millions de dollars en jeu dans ses coffres comme coussin financier.

Selon Stephen Gauthier, président de Gauthier&Cie Gestion de placements, il s'agit là d'une autre indication que l'achat de BCE au prix de 42,75$ l'action annoncé l'an dernier risque d'être revu à la baisse.

«Ça fait partie de la même équation. Tout le monde essaie de trouver des façons de sauver de l'argent à court terme. Ça vient soutenir les rumeurs qui veulent qu'il y ait une renégociation», a dit hier M. Gauthier à La Presse Affaires.

Lundi, le quotidien torontois The Globe and Mail, citant «des sources près des négociations», affirmait que les banques qui s'étaient engagées à prêter l'argent de la transaction cherchaient maintenant à faire abaisser le prix d'achat initial.

Citigroup, Deutsche Bank, Royal Bank of Scotland et Toronto Dominion insisteraient pour que la valeur de BCE soit évaluée sur la même base que sa rivale Telus, ce qui se traduirait par un prix d'achat entre 35$ et 38$ l'action.

Cette renégociation des conditions risque de retarder la transaction.

Rappelons que la première date limite pour l'achat de BCE par le consortium formé de Teachers', Providence Equity Partners, Madison Dearborn Partners et Merrill Lynch Global Private Equity avait été fixée au 30 juin et est donc maintenant écoulée.

Cette date a cependant été repoussée jusqu'au 30 septembre à la suite des retards dans l'obtention des différentes approbations juridiques.

Une autre date butoir encore plus importante attend cependant les différentes parties: le 30 novembre. Au-delà de cette date, les banques qui se sont engagées à prêter l'argent au consortium piloté par Teachers' n'ont plus aucune obligation de remplir leurs obligations.

Une source qui participe au dossier a indiqué à La Presse Affaires que BCE fera tout pour que le prix d'achat initial soit maintenu. Le contraire l'obligerait à obtenir un nouveau vote des actionnaires et une nouvelle ronde d'approbations juridiques, ce qui risquerait de prolonger le processus au-delà de la date butoir du 30 novembre.

Dividende reporté

BCE, qui a parlé lundi d'un «report» du dividende à ses actionnaires, n'a pas voulu indiquer hier à quel moment elle comptait verser l'argent à ses actionnaires, ni si ceux-ci seront assurés de toucher les montants.

«Le conseil d'administration est probablement très mal à l'aise de ne pas verser le dividende, parce que, normalement, le conseil représente les actionnaires, et les actionnaires veulent leur dividende», dit Stephen Gauthier.

Sa lecture des événements: la priorité du conseil est maintenant d'éviter que la transaction soit annulée, ce qui entraînerait une chute de la valeur de l'action.

Selon M. Gauthier, les problèmes de financement concernant la transaction de BCE sont très sérieux depuis la crise du crédit qui a mis en péril la capacité des banques à prêter de larges sommes.

«On est moins familier avec ça au Canada parce qu'il y a eu moins de grosses transactions conduites par des fonds privés, mais aux États-Unis, je dirais qu'un bon 80% des deals qui ont été annoncés à l'époque de BCE ne sont pas allés de l'avant ou ont été renégociés à d'autres conditions.»

Le cas de Clear Channel Communications, très similaire à celui de BCE, est souvent cité en exemple. Les banques avaient alors réussi à faire abaisser le prix d'acquisition. Un avocat spécialisé dans ce genre d'affaires a cependant indiqué que les termes de la transaction de BCE sont plus restrictifs que ceux de Clear Channel et qu'il sera donc plus difficile pour les banques de réussir le même coup.

L'action de BCE a perdu 3% lundi, ou 1,21$, pour clôturer à 35,55$. La Bourse de Toronto était fermée hier, mais l'action a gagné 15 cents US, ou 0,43%, pour clôturer à 34,96$US à New York.