Le Québec pourrait mieux se battre contre la récession en investissant des milliards de dollars dans la rénovation résidentielle, affirment des gens d'affaires de l'industrie.

Le Québec pourrait mieux se battre contre la récession en investissant des milliards de dollars dans la rénovation résidentielle, affirment des gens d'affaires de l'industrie.

C'est aussi l'un des outils choisi par le premier ministre du Québec, Jean Charest, quand il a promis, en campagne électorale, jusqu'à 2500$ aux ménages qui rénovent leur maison, pour un total évalué à deux milliards de dollars.

La chaîne de centres de rénovation Rona, de Boucherville, a vite renchéri par une bonification de cette promesse, évaluée à 10%, suivie par son fournisseur Produits Alba, de Saguenay.

Quant à la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ), elle saute sur l'occasion pour demander à Jean Charest d'élargir son aide à la rénovation du parc de logements locatifs, qui nécessite des investissements de 5 milliards.

Ainsi, les travaux dans la rénovation résidentielle pourraient dépasser 7,5 milliards et s'ajouter aux 40 milliards annoncés dans les infrastructures, au milliard dans le financement des entreprises frappées par la crise du crédit et aux mesures du prochain budget de Québec.

Jean Charest a promis un crédit d'impôt de 20%, d'un maximum de 2500$, pour des travaux de plus de 7500$ des propriétaires d'une résidence principale, d'un duplex ou d'un triplex où ils habitent.

Le potentiel

Il estime que 250 000 ménages s'en prévaudront au cours des deux prochaines années, pour un total d'au moins 2 milliards investis.

Jean Charest s'est aussi engagé à reconduire les programmes Adaptation de domicile et Rénovation-Québec, qui devaient prendre fin en mars 2009.

Ainsi Québec et les villes soutiendraient d'autres investissements de 400 millions.

Rona attend la concrétisation de la promesse de Jean Charest avant de préciser sa bonification, souligne la porte-parole, Éva Boucher-Hartling. Lorsque l'Alberta a expédié un chèque de 400$ à ses contribuables, il y a deux ans, Rona a offert 10% de plus, ou 40$, à ceux qui l'échangeaient à l'un de ses magasins, dit-elle. Ainsi, le nombre de clients et les ventes ont augmenté, mais la porte-parole n'a pas de données précises.

De son côté, Serge Gauvin, PDG de Produits Alba (briques sans mortier Novabrik), emboîte le pas à Rona. La rénovation résidentielle au Québec, c'est un marché de 9 milliards (2007) qui devrait déjà grimper à 9,9 milliards en 2008, note Serge Gauvin. L'aider compenserait pour le recul des mises en chantier.

Dans le cas de la bonification réclamée par la CORPIQ, Jean Charest l'a déjà évoquée... en 2003, mais ne l'a pas concrétisée encore, déplore le porte-parole, Hans Brouillette.

Il faut dire que la CORPIQ réclame la modification de la méthode de fixation des loyers, pour les augmenter un peu plus, un sujet délicat. Le rendement des rénovations majeures a chuté de 13% à 4,3% depuis 1985, selon les critères actuels de la Régie des loyers et, à ce niveau, un certificat de placement garanti rapporte autant et sans risque, souligne Hans Brouillette.

Chaque tranche de 1000$ de travaux ne donne droit qu'à une hausse de 43$ par année du loyer et il faut 25 ans pour la récupérer, ajoute le porte-parole. La Régie devrait allouer un rendement égal au taux hypothécaire de cinq ans majoré de 1%, soit 7,4%, pour une récupération de l'investissement en 15 ans, dit-il.