Les prix à la pompe ont beau grimper, les ventes d'essence ne donnent aucun signe de ralentissement au Canada.

Les prix à la pompe ont beau grimper, les ventes d'essence ne donnent aucun signe de ralentissement au Canada.

C'est plutôt le contraire, selon Statistique Canada, qui a enregistré une augmentation des ventes d'essence depuis le début de l'année.

Même si le prix était de 20 % plus élevé que l'an dernier, les ventes d'essence étaient en hausse de 2,8 %, après les mois de janvier et février.

Les ventes de carburant diesel, dont le prix a explosé au cours des derniers mois, ont même connu une augmentation encore plus importante, de 3,2 %.

«C'est une bonne augmentation», selon Carol Montreuil, porte-parole des raffineurs et détaillants de produits pétroliers. Selon lui, l'industrie est plus habituée à des hausses de 1 ou 1,5 %.

«C'est sûr que deux mois ne font pas une année, a-t-il ajouté. Il faudra voir après les six premiers mois de l'année si la tendance se confirme».

Selon Statistique Canada, les ventes de tous les types de produit pétrolier raffinés sont en hausse de 3,5 % après les deux premiers mois de l'année. Les ventes d'essence (+2,8 %) et de carburant diesel (+3,2 %) sont les produits qui ont connu les plus fortes hausses.

Cette augmentation est le signe d'une économie en santé, estime l'économiste Benoit Durocher, de Desjardins. «Au Canada, malgré le ralentissement aux États-Unis, il y en encore une certaine vitalité de la demande intérieure, qui roule dans le tapis», a-t-il commenté.

Il faut un certain temps avant que l'augmentation du prix d'un produit aussi nécessaire que l'essence provoque une baisse de la consommation. «À court terme, on n'a pas le choix, on fait le plein quand même, quitte à couper ailleurs s'il le faut», explique l'économiste.

Tout indique que les Canadiens ne sont pas encore obligés de couper ailleurs pour compenser l'augmentation de leurs dépenses en carburant.

Aux États-Unis, même si l'essence est moins chère qu'au Canada, les hausses de prix à répétition commencent à inquiéter sérieusement les consommateurs.

Selon le ministère américain de l'Énergie, la demande de produits pétroliers en tous genres a baissé de 8,5 % entre janvier et février, ce qui inclut une baisse de 6,2 % pour l'essence.

Le mois de février est plus court que le mois de janvier, ce qui peut expliquer une partie de cette baisse, mais pas toute. Les Américains ont bel et bien réduit leur consommation d'essence, estime le gouvernement américain, qui prévoit même que les ventes d'essence diminueront cet été pour la première fois depuis 17 ans.

La faute au brut

C'est l'augmentation du prix du pétrole brut qui explique les hausses récentes des prix à la pompe, selon Ressources Naturelles Canada, qui vient de décortiquer les composantes du prix d'un litre d'essence.

Entre le premier trimestre de 2007 et le premier trimestre de 2008, les prix à la pompe ont crû de 15 % en moyenne au Canada. Pendant la même période, le coût du brut a augmenté de 44 % et la marge des raffineurs et de détaillants a dégringolé de 22 %.

La part du fédéral a baissé de 1 %, en raison de la réduction équivalente de la TPS le 1er janvier dernier mais les taxes provinciales ont augmenté de 2 %.