Jérôme Kerviel, mis en cause dans la «fraude» record à la Société Générale, était un jeune homme discret, peu en vue dans sa banque mais qui aurait pris tous les risques et dissimulé ses opérations, selon le procureur de Paris, dans l'espoir de devenir un «trader d'exception».

Jérôme Kerviel, mis en cause dans la «fraude» record à la Société Générale, était un jeune homme discret, peu en vue dans sa banque mais qui aurait pris tous les risques et dissimulé ses opérations, selon le procureur de Paris, dans l'espoir de devenir un «trader d'exception».

«Celui par qui la plus grosse fraude de l'histoire bancaire est arrivé», «le trader fou»... La presse a multiplié les gros titres pour décrire ce courtier de 31 ans, dont la photo a fait le tour du monde.

Le jeune homme a été comparé à Nick Leeson, le «golden boy» britannique, même s'il n'avait pas le statut et la flamboyance de celui dont l'escroquerie réalisée aux dépens de la banque Barings avait conduit l'établissement à la ruine en 1995.

Lundi, le procureur de Paris Jean-Claude Marin a expliqué que le jeune trader, devenu une célébrité malgré lui, «espérait apparaître comme un trader d'exception et obtenir des primes de rendement supérieures».

Selon la Société Générale, il touchait moins de 100 000 euros (150 000$) par an, loin des revenus des têtes d'affiche de la finance. Le procureur a expliqué que M. Kerviel espérait tripler ce montant.

Il semble désormais établi que le jeune trader, qui a commencé à tromper les contrôles de la banque dès 2005, ne s'est pas directement enrichi.

Daniel Bouton, PDG de la Société Générale, a qualifié le trader d'«escroc», de «fraudeur» et même de «terroriste».

Il a aussi mis en exergue son «intelligence» pour expliquer comment il avait réussi à déjouer tous les contrôles.

Brun, cheveux courts, traits fins, regard sérieux: Jérôme Kerviel, comparé par certains à l'acteur Tom Cruise d'après sa photo, était jusqu'à l'annonce de la «fraude», un jeune homme discret.

«Si c'est un génie, on ne l'avait pas repéré», a expliqué le responsable du Master Finance de l'université Lyon 2, où il avait obtenu un mastère en opérations de marché avec la mention «assez bien».

Dans cette université, il a été présenté comme un étudiant «bosseur et sans problème».

Né le 11 janvier 1977, originaire de Bretagne, il était entré à la Société Générale en août 2000 au sein de la division banque d'investissement et de financement (SG CIB).

Après avoir acquis une connaissance «aussi intime que perverse» des procédures de contrôle de la banque, selon ses responsables, il avait été transféré en 2005 côté «front office, un service prestigieux où il était chargé de passer des ordres sur des contrats à terme.

La direction des ressources humaines a évoqué auprès des syndicats «un être fragile», «sans génie particulier», traversant des «difficultés familiales».

À Pont L'Abbé, sa ville d'origine, les habitants n'ont pas tari d'éloge sur «l'enfant du pays, décrit comme travailleur, sérieux, sans histoire, intelligent. Pour une de ses tantes, Sylviane Le Goff, «il n'a pas mis un sou dans sa poche».

Lors de ses deux jours de garde à vue, il a affirmé aux enquêteurs être «bien» physiquement et psychologiquement.

Et s'est défendu de toute malhonnêteté, expliquant, selon le procureur de Paris, que d'autres traders prenaient des risques et agissaient comme lui «mais à un moindre niveau».