On attendait Jacques Ménard, Jean Houde ou Luc Bertrand. C'est plutôt un gestionnaire de l'interne qui a obtenu le poste de PDG de la Caisse de dépôt et placement, l'un des plus prestigieux au Québec.

On attendait Jacques Ménard, Jean Houde ou Luc Bertrand. C'est plutôt un gestionnaire de l'interne qui a obtenu le poste de PDG de la Caisse de dépôt et placement, l'un des plus prestigieux au Québec.

Richard Guay, ex-prof aux HEC de Montréal, a été nommé par le conseil d'administration de la Caisse, hier, nomination entérinée par le gouvernement du Québec. Depuis la démission d'Henri-Paul Rousseau, le 30 mai, M. Guay agissait par intérim comme président et chef de la direction de la Caisse.

La firme de chasseur de têtes Egon Zehnder avait été mandatée pour trouver la perle rare, capable de chausser les grands souliers d'Henri-Paul Rousseau. Au total, 127 candidats ont été envisagés, dont une vingtaine de femmes, une liste qui s'est rétrécie à 15 prétendants.

«Au cours du processus, Richard Guay était la référence, compétent en finance et du point de vue socio-économique», a déclaré le président du conseil, Pierre Brunet, selon qui aucun autre candidat n'a montré de meilleure feuille de route.

Titulaire d'un doctorat en économie financière, Richard Guay connaît la Caisse comme le fond de sa poche. Le gestionnaire de 47 ans est entré à la Caisse il y a 13 ans, après avoir pris un congé sans solde aux HEC de Montréal, où il était professeur et chercheur. Avant le départ de M. Rousseau, Richard Guay était le chef de la direction du placement de la Caisse, deuxième poste en importance. Cet emploi avait été précédé, entre 2002 et 2006, par celui de premier vice-président, gestion du risque et gestion des comptes des déposants.

«Dans le climat actuel des marchés, Richard Guay est une valeur sûre. Il a traversé la période difficile du papier commercial. C'est un homme extrêmement droit, d'envergure. Je n'ai pas hésité une seconde à entériner son nom à la présidence de la Caisse», a déclaré Monique Jérôme-Forget, ministre des Finances du Québec.

Mme Forget se dit heureuse de la dépolitisation du processus de nomination que permet la nouvelle Loi sur la Caisse de 2004. Auparavant, c'est le gouvernement qui nommait son candidat, dont l'allégeance politique ne faisait pas de doute. «Aujourd'hui, le processus est basé exclusivement sur l'expertise», dit-elle.

Plusieurs points en commun

Richard Guay n'a pas la carrure ou la prestance d'Henri-Paul Rousseau. Mais les deux hommes ont plusieurs points en commun: les deux sont d'anciens profs d'université, bons pédagogues et ont étudié à l'Université Queen's (Kingston) et aux HEC de Montréal. «Ce n'est pas un hasard si Henri-Paul Rousseau en a fait son numéro 2», dit Monique Jérôme-Forget.

Richard Guay est père de trois enfants, en plus de vivre avec une conjointe qui en a un également. À la Caisse, on voit Richard Guay comme un homme calme, franc et qui possède un bon sens de l'humour. «Lorsqu'il a été nommé chef des investissements, en 2006, certains doutaient de ses capacités, lui qui n'avait jamais été négociateur sur les marchés. Mais il s'est rapidement imposé et fait fructifier l'argent de la Caisse», nous dit-on.

Michel Nadeau, ex-numéro 2 de la Caisse, est celui qui l'a embauché, en 1995. «Richard est parmi les excellents candidats. C'est une bonne nouvelle pour les professionnels internes de la Caisse. C'est une personne très intègre, très compétente. Il a fait un excellent travail du temps où j'étais là», a-t-il déclaré.

Richard Guay aura besoin de tout son talent pour gérer l'avoir des Québécois. Les marchés traversent une période très difficile. Au Canada, l'indice TSX de la Bourse de Toronto a perdu près de 1000 points cette semaine, soit 7%.

La Caisse au Québec

Richard Guay fait d'ailleurs de la gestion de cette tempête une de ses deux priorités, a-t-il indiqué en conférence de presse. L'autre priorité est l'élaboration du plan stratégique 2009-2011 de la Caisse.

Concernant le rôle de la Caisse dans le développement économique du Québec, Richard Guay réitère essentiellement la position de son prédécesseur, soit que le rendement passe avant tout. Il estime néanmoins que la présence de la Caisse au Québec mérite d'être mieux expliquée.

Ces dernières années, dit-il, les entrepreneurs québécois n'avaient pas besoin de la Caisse pour leurs emprunts, puisque le crédit était facilement accessible. Ce n'est plus le cas depuis un an. «La Caisse pourrait maintenant leur être plus ouverte pour des facilités de crédit. Mais pas au détriment du rendement», a dit M. Guay.

Au sujet des produits dérivés, qui ont coûté cher à la Caisse avec le papier commercial, Richard Guay dit avoir encore confiance dans cet instrument financier. «Il est hors de question d'interdire de transiger sur les produits dérivés. J'ai pleinement confiance dans les employés à l'interne à cet égard», dit-il.

Enfin, Richard Guay ne cache pas que les problèmes du British Airports Authorities (BAA) est une surprise défavorable, mais il note tout de même que la Caisse a fait de l'argent avec cet investissement.

La Caisse en chiffres

257,7 milliards

Actif total sous gestion au 31 décembre 2007 (en dollars canadiens).

12 milliards

Transactions quotidiennes effectuées (en dollars canadiens) par la Caisse.

3000

Nombre d'entreprises dont la Caisse est actionnaire dans le monde.

5,6%

Rendement global en 2007.

772

Nombre d'employés, en excluant les filiales immobilières, selon le rapport annuel de 2007.

Source: Caisse de dépôt et placement du Québec