Les analystes ont prédit la faillite de General Motors (GM) mardi.

Les analystes ont prédit la faillite de General Motors [[|ticker sym='GM'|]] mardi.

Hier, c'était au tour du gouvernement américain de dire non aux constructeurs automobiles qui voulaient bénéficier de son plan de sauvetage. Les mauvaises nouvelles s'accumulent dans le monde des véhicules à quatre roues. Et elles affectent les concessionnaires.

Raymond Christin résume bien simplement l'impact de la mauvaise presse sur ses affaires. «On mange une bonne volée», dit le président de Christin Automobile, à Montréal, qui tente de vendre ses véhicules GM malgré les journaux qui détaillent les difficultés financières du constructeur.

Le concessionnaire dit avoir encaissé une baisse de ses ventes de 30% en septembre et de 40% en octobre. Il n'a pas eu le choix de sortir la hache. Une quinzaine des 125 employés ont déjà été licenciés, et il prévoit abolir encore 20 postes d'ici janvier.

«On a coupé les commandites, les primes, tout ce qu'on peut couper. On fait exactement ce que fait GM», dit M. Christin. GM est le plus mal en point des trois grands constructeurs américains. Si rien n'est fait pour lui venir en aide, il ne peut espérer survivre plus de quelques mois avec ses liquidités actuelles. Les consommateurs, explique M. Christin, en entendent parler.

«Les clients sont inquiets. Vraiment inquiets. Ils ont peur pour leur garantie. On les rassure le mieux qu'on peut, mais c'est sûr que c'est du négatif.»

Jean-Claude Gravel, du Groupe Gravel Auto, est moins pessimiste. Selon lui, le ralentissement des ventes vient surtout du fait que les banques accordent moins facilement leurs prêts automobiles. «L'effet des rumeurs de faillite est difficile à mesurer», dit-il.

Pas d'argent pour l'automobile

Le secrétaire américain au Trésor, Henry Paulson, a infligé un autre coup dur hier en fermant la porte aux constructeurs automobiles qui voulaient profiter de son plan de sauvetage de 700 milliards US annoncé en septembre. Le plan, a tranché M. Paulson, est réservé au secteur financier.

«Je me concentre sur le secteur financier, sur le fait de faire marcher le crédit, de faire marcher l'activité de prêt», a dit M. Paulson, ajoutant tout de même qu'il «faut une solution» pour les trois grands groupes de Detroit que sont Ford, GM et Chrysler.

Les constructeurs américains plaidaient qu'ils étaient admissibles au «plan Paulson» en raison de leurs activités dans les services financiers. GM contrôle par exemple 49% de GMAC, société qui fait dans le crédit automobile, mais aussi dans le crédit immobilier. Les 51% restants appartiennent au premier actionnaire de Chrysler, le fonds Cerberus. Ford et Chrysler possèdent aussi des sociétés similaires, soit Ford Motor Credit et Chrysler Financial.

Barack Obama a demandé au président Bush d'apporter une aide immédiate au secteur automobile, et la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, fait aussi des pressions en ce sens.

Christian Navarre, spécialise de l'industrie automobile à l'École de gestion de l'Université d'Ottawa, souligne que le «prix politique de ne rien faire est extrêmement élevé». Reste à voir de quel plan on accouchera... et à quel moment il viendra. En attendant, il décrit la situation des concessionnaires bien simplement. «C'est le chaos, dit-il. Aujourd'hui, on est dans une situation où personne ne sait de quoi demain sera fait.»

Éric LeFrançois, qui signe des chroniques automobiles dans La Presse, croit qu'un acheteur qui se magasine une voiture aujourd'hui ne devrait pas trop s'inquiéter de ce qu'adviendrait sa garantie s'il s'achète un véhicule GM et que le constructeur déclare faillite. Il explique que les constructeurs sont tenus de se constituer des réserves de pièces et des fonds pour assurer le service après-vente en cas de faillite.

«Il y aura des centres de services, on ne laissera pas les gens en plan. Et de toute façon, quand on parle de faillite, il faut s'entendre. Il y aura beaucoup d'éléments repris par la concurrence», dit-il.